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Une campagne électorale aux promesses vides

Selon certains analystes kosovars, le répertoire des promesses électorales employé non seulement au Kosovo, mais dans tous les Balkans, tient de l’irrationalité.

La campagne électorale kosovare prend de l’ampleur. A elles seules, les promesses de Hashim Thaçi se montent à près de un milliard d’euros d’investissements. Le leader de l’opposition, Isa Musafa et l’homme d’affaire Behgjet Pacolli ont quant à eux promis une baisse du chômage comparable à la « situation suisse ».

Selon les analystes politiques kosovars, ces promesses sont vides, irrationnelles et démagogiques. Selon eux, ce genre de promesses, fait en contexte électorale, existe non seulement au Kosovo, mais dans toute la région des Balkans occidentaux. Actuellement, l’accent est surtout mis sur la baisse du chômage, sur les investissements dans les réseaux d’eau courante, sur l’amélioration du système de canalisations, sur l’augmentation des pensions, ainsi que sur la libéralisation des visas pour l’Union européenne.

Pour l’analyste politique Muhamet Kelmendi, les promesses faites par les politiciens kosovars durant la campagne électorale sont irréelles. Pour lui, les politiciens devraient construire un agenda réaliste et ne pas promettre l’impossible.

« Nous sommes les témoins de promesses qui ne peuvent pas voir le jour. Les politiciens parlent de réaliser des projets se montant à des centaines de millions d’euros, ce qui n’est pas pensable, ni pour dans 4 ans, ni même pour dans 12 ans. » L’analyste reçoit avec scepticisme les promesses liées à l’augmentation des salaires dans de multiples secteurs, ou celles concernant la construction de routes. « Nous sommes faces à des agendas politiques irréalisables, et à des promesses mensongères qui ne seront pas couronnées de succès ».

Une campagne discriminante

Pour l’analyste et publicitaire Halil Matoshi, ce genre de pratiques est désormais bien installé au Kosovo, ainsi que dans tous les Balkans occidentaux. « Les politiciens font tous des projections de ce qu’ils feront de l’argent du peuple et de comment ils le gèreraient. Mais ce n’est pas leur propre argent qu’ils vont investir ».

Si son parti gagne les élections municipales, Hashim Thaçi promet des investissements se montant à ces centaines de millions d’euros. « La question, c’est de savoir ce qui va se passer si son parti ne gagne pas ces élections. Il s’agit de discrimination, car le Premier ministre ne traite pas ses citoyens comme étant des égaux. Dans ces élections, la seule chose qui compte, c’est les promesses qui sont faites », explique Mathoshi.

Fadil Lepaja résume les 20 dernières journées de campagne électorale en un mot : démagogie. Pour l’analyste, le ton sur lequel se déroule la campagne n’est pas agressif, et  c’est un point positif. « Les trois groupes politiques arrivent à collaborer et à articuler leurs intérêts. Le seul groupe politique qui ne suit pas cette règle est le parti de Vetëvendosja (« Autodétermination »). Mise à part cela, il existe une entente entre tous les autres partis politiques », explique Lepaja.

Ententes pour des élections biaisées

Pour Lepaja, personne ne s’intéresse à faire des élections justes, mais tout le monde suit ses propres intérêts, lesquels légitiment la règle imposée par « la mafia régionale et ses noyaux centraux ».

Selon les dernières estimations, la compétition va être rude entre les deux grands partis rivaux : le parti démocratique du Kosovo, dirigé par le Premier ministre Hashim Thaçi et la Ligue démocratique du Kosovo, avec à sa tête, l’intellectuel Isa Mustafa.

D’autres partis se sont lancés dans la course avec une certaine préparation, font l’AAK de l’ancien Premier ministre Ramush Haradinaj ou encore Vetëvendosje d’Albin Kurt. C’est la première fois que le parti de Vetëvendosje se lance dans les élections municipales.

L’AKR de Behgjet Pacolli est également dans la course, ainsi que le Parti pour la Justice, fortement soutenu par la communauté musulmane. Le « Parti fort », quant à lui, donne à cette campagne une certaine touche d’humour avec son slogan : « Des promesses irréalisables ».
La campagne électorale prendra fin le 2 novembre prochain, et les élections se tiendront le 3 novembre.