Développement
Ressentiment envers la « fraternité » turque
Lors d’une réunion tenue en 2013, Hashim Thaçi appelait « frère » son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, alors qu’Edi Rama, l’actuel Premier ministre de l’Albanie, il ne l’a appelé que « mon ami ». Toutefois, les experts disent que les rapports avec la Turquie ne sont plus ce qu’ils étaient.
« Ces derniers temps, les relations entre nos pays se sont développées avec beaucoup de réserves, peut-être parce que la Turquie n’est plus la puissance économique qu’elle était, et parce qu’elle fait face à de nombreux problèmes internes et externes », a déclaré Ibrahim Rexhepi, expert en économie.
Liridon Lika, chercheur et spécialiste de la présence turque dans les Balkans occidentaux, parle de « refroidissement » des rapports « non seulement après le coup d’État en Turquie, mais il y a quelques années déjà que les dirigeants politiques albanais dans les Balkans et les dirigeants de l’Union européenne, ainsi que les États membres puissants comme l’Allemagne et l’Autriche, ont bien compris l’objectif de la politique turque envers notre région. Par conséquent, ce n’est pas un hasard si, à l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel, en août 2014 à Berlin a été initié le processus visant à soutenir politiquement et économiquement les six pays des Balkans occidentaux (Bosnie Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Monténégro, Serbie et Albanie) sur la voie de l’adhésion ». De cette façon, selon lui, les Européens tentent de diminuer les influences extérieures de la part de pays comme la Turquie, la Russie, la Chine ou les pays arabes dans les Balkans occidentaux.
– Signal à la Turquie de la part de l’UE : les Balkans sont européens
« Ainsi, la Conférence de Berlin (2014), le Sommet de Vienne (2015) et celui de Paris (2016) sont des indications claires de ce que les dirigeants européens travaillent intensivement au rapprochement des pays des Balkans, entre eux d’une part, mais aussi avec l’Union européenne. Lors de ces réunions importantes entre l’UE et les Balkans occidentaux, il n’est pas anodin que la Turquie n’ait pas été invitée à participer, et ce bien que depuis quelques années, elle est candidate à l’adhésion à l’Union européenne », a déclaré M. Lika.
Par conséquent, explique M. Lika, ce geste est un signal fort transmis à la Turquie, à la Russie, à la Chine et aux pays arabes, et le message est que les pays des Balkans occidentaux sont européens et vont adhérer à l’UE.
Cependant, avant les dernières élections en Turquie, le président kosovar s’est retrouvé bien isolé du monde occidental, principalement « parce qu’ils ont tué l’État du Kosovo » et ont développé un état dysfonctionnel, une démocratie déclarative où les lois ne sont pas appliquées et où la mafia et la corruption règnent en maîtres.
– Les dirigeants du Kosovo, soumis aux politiciens turcs
« Par ailleurs, la Turquie a connu une phase d’expansion dans la région, y compris au Kosovo. Pire encore, les dirigeants du Kosovo ont été très dociles envers les politiciens turcs. Je pense même que la présence plus fréquente des “frères” turcs leur manque », a déclaré Ibrahim Rexhepi.
Il a ajouté que les dirigeants turcs sont parfois allés un peu plus loin que ce qu’on pourrait appeler un simple soutien politique. « Ils manifestent une approche différente, que l’on pourrait qualifier de paternaliste, et dont le Kosovo n’a nul besoin ».
Le publiciste Gani Mehmeti déclare que l’un des résultats des relations entretenues avec la Turquie est la construction de mosquées inutiles. « Nous avons plus de mosquées que quiconque dans les Balkans. L’arrogance de la TIKA (organisation gouvernementale turque) est la conséquence des relations ambiguës que nous entretenons avec la Turquie. Dans un état normal, cette organisation aurait été expulsée pour avoir saccagé le patrimoine culturel local ».
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