Intégration

Pourquoi je vais au Kosovo

Pour la plupart des personnes issues de la migration, le lien familial constitue la principale raison pour se rendre au Kosovo. Chaque année, et plus particulièrement pendant les mois d’été, la diaspora albanaise du Kosovo, alors  éparpillée dans les quatre coins du monde, retourne vers le pays d’origine, où elle a pour seule attache la famille, cette instituions encore considérée comme précieuse.

Bien que cette institution diffère complètement avec celle de l’époque de la forte émigration, elle est toutefois en pleine période de transformation, et ce, non seulement de par sa structure mais aussi de par sa fonctionnalité.

Pour la plupart des personnes issues de la migration, le lien familial est considéré comme la seule clé permettant d’ouvrir les portes du Kosovo! Alors qu’après la guerre, une partie importante de la diaspora avait remis en doute la possibilité de vivre à l’étranger, actuellement ce doute s’est complètement dissipé. En effet, leur décision est prise, et ce pour une longue durée. Quant à leur âme, qui était alors partagée en deux, elle n’est plus esclave des rêves d’antan.

Aujourd’hui, les rêves de la diaspora ne sont plus motivés par des émotions versatiles, mais par la voix de la raison et de clairvoyance. Peu ou aucun d’entre nous, bien que nous ayons changé de manière significative notre niveau de vie au Kosovo – en réalisant des projets individuels étroitement liés à l’institution de la famille- n’a préservé les projets et objectifs de l’époque la fin de la guerre.

Les interminables attentes de la reconstruction du Kosovo et du digne fonctionnement des structures démocratiques de cet état fragile sont devenues un refrain lassant qui, avec le temps, se vide de son sens.

Bien que chacun de nous se sente mal à l’aise avec cette réalité, aucun de nous ne renonce cependant à la bonne volonté de protéger et de maintenir debout son institution familiale. Nous revenons tous du Kosovo avec cette triste impression que les idéaux de tout un peuple ont disparu sous l’ombre de la pauvreté (plus de 30%) et du chômage (plus de 50%). Au pays,  le désir des jeunes d’émigrer est omniprésent, tous cherchent à fuir la corruption qui se déploie dans toutes les institutions de l’Etat.

Même si chacun de nous se sent d’une manière ou d’une autre coupable au sujet de la situation qui règne dans le pays, il est aussi certain que chacun de nous demeure optimiste quant à la mise en œuvre des bonnes pratiques indispensables pour la pérennité de l’Etat, celui que tous désire.
Du point de vue de la diaspora,  l’évolution sociale, politique et économique est extrêmement lente et erronée. Cette  lenteur cède la place à la crainte d’une aggravation de la situation reléguant ainsi le pays à des décennies d’une perspective de jonction à la  famille européenne. Là où le bât blesse, et qui se reflète de manière visible sur la qualité de vie de la famille (une famille que la diaspora cherche à préserver avec jalousie),  c’est dans les institutions gouvernementales et privées, plus concrètement  dans le domaine de l’éducation, l’enseignement et la formation professionnelle. En effet, ces secteurs contiennent les critères clés permettant de mesurer la situation socio-politique et économique d’un pays.

Aucun d’entre nous n’apprécie  « le refrain » de la classe politique kosovare affirmant que  «le Kosovo est en transition »! «  Cette transition » dure depuis plus de 17 ans et ne peut  justifier la situation actuelle qui souffre de l’absence de leaders politiques dignes. La diaspora se sent totalement impuissante face au « clan » politique et  criminel qui a pris le pays en otage, et qui s’étend  jusqu’aux institutions de la justice et police du  pays.

Bien que la plus part d’entre nous ait eu  l’opportunité de contribuer au développement du pays d’origine, au fil du temps, cela n’a pas empêché l’augmentation de la corruption aussi bien direct qu’indirect dans le pays. La guerre contre ce phénomène nécessite une stratégie  et des outils novateurs. En l’absence des investissements attractif, la diaspora et la population du Kosovo n’accordent aucun crédit aux les promesses politiques vaines du gouvernement. En effet le pouvoir en place est gouverné par l’égo des politiciens qui tentent à maintenir à tout prix un Kosovo-ghetto dans les Balkans. Le peuple exténué se repose donc une nouvelle fois sur l’épaule de la diaspora. Aucun d’entre nous n’aimerait retourner dans son pays d’origine, et cette avec regret que nous avouons ne retourner au Kosovo  «que pour la famille”!