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L’exode massif ternit la fête de l’indépendance du Kosovo

Le Kosovo marque son septième anniversaire de façon modeste. Le gouvernement du Kosovo doit faire face à la plus importante crise connu depuis l’après-guerre. Le Kosovo fête aujourd’hui son septième anniversaire d’indépendance, avec une fête symbolique qui ne se diffère pas beaucoup d’une journée de week-end. Se trouvant entre deux feux, celui de l’opposition et […]

Le Kosovo marque son septième anniversaire de façon modeste. Le gouvernement du Kosovo doit faire face à la plus importante crise connu depuis l’après-guerre.

Le Kosovo fête aujourd’hui son septième anniversaire d’indépendance, avec une fête symbolique qui ne se diffère pas beaucoup d’une journée de week-end. Se trouvant entre deux feux, celui de l’opposition et d’un exode massif, le gouvernement du Kosovo doit faire face à la plus importante crise sociale connu depuis l’après-guerre. Ces deux actualités génèrent une atmosphère plutôt maussade pour cette journée supposée être festive.

Les institutions du Kosovo ont également réduit les dépenses la célébration de cette fête. La parade militaire habituelle n’aura pas eu lieu, et il en était de même pour les concerts. De plus, aucun leader des pays de la région n’a annoncé une visite au Kosovo.

Les politologues de Prishtina considèrent cette année comme étant la plus mauvaise depuis la fin de la guerre en 1999. Ils condamnent les dirigeants institutionnels qui ont échoué à créer une perspective d’avenir pour leurs citoyens. C’est à cause de cette forte désillusion, soulignent les experts, qu’environ 230 mille Kosovars se sont décidés à prendre le chemin vers l’UE.

Selon les analystes kosovars, l’exode massif vers les pays européens est l’indicateur le plus clair démontrant que le gouvernement du Kosovo a échoué dans le développement de l’économie, la création d’emploi, la garantie du respect de la loi et de l’ordre constitutionnel ainsi que l’amélioration de l’image du Kosovo auprès de la communauté internationale.

Ce dernier critère (l’image) a été la cause principale pour laquelle le Kosovo n’attire aucun investisseur étranger. En effet, les prévisions prédisant une hausse économique de plus de 4% ne semble être qu’un mirage. Quant au blocus politique qui a duré près de six mois l’année passée, les experts le qualifie comme étant le coup de poing le plus puissant donné au Kosovo durant ces dernières années.

Le nord du Kosovo reste un défi pour Prishtina

Les quatre municipalités dans le nord du Kosovo, Leposaviq, Zubin-Potok, Zveçan et Mitrovica du Nord, ne fonctionnent pas sous la juridiction du Kosovo.

Pour Adem Demaçi, activiste et ex-prisonnier politique, le Kosovo n’est pas encore un pays indépendant, puisque le quart du pays n’est pas sous le contrôle des institutions de Prishtina. « Nous ne pouvons dire que le Kosovo est libre et indépendant pendant que le quart du territoire est contrôlé par quelqu’un d’autre. Nous sommes un pays partagé et limité à cause du projet Ahtisaari. Avec la déclaration d’indépendance, nous nous sommes distancés de la résolution 1244 et nous devons insister afin de renforcer cette indépendance ».

Besnik Baliqi, professeur au département des sciences politiques à l’Université de Prishtina, affirme que durant ces sept années, le Kosovo n’a toujours pas réussi a totalement encadrer le concept d’état.

“Si nous faisons une comparaison avec le pays sortis de l’ex-Yougoslavie, le Kosovo est un pays contesté auquel l’indépendance n’est pas reconnue, autant par la Serbie voisine que par la Bosnie et par beaucoup d’autres pays du monde également. De plus, il existe des lacunes considérables au niveau socio-économique et législatif » estime Baliqi.

Les gens fuient leur pays

Belul Beqaj, politologue, voit l’émigration des citoyens vers l’UE comme une preuve de l’échec du Kosovo.

« L’exode massif des habitants du Kosovo est la preuve la plus concrète de l’échec de l’état fétichisé par les Albanais. Alors qu’ils n’avaient pas de pays, les citoyens pensaient que leur situation était difficile dans la cohabitation yougoslave du fait de leur discrimination. Hélas, ils sont désenchantés dans leur propre pays… Ce n’est pas un hasard que pour fuir, ils passent par le pays qu’ils ont le plus haï » indique Beqaj.

Le directeur exécutif de l’institut « GAP », Agron Demi, considère cette septième année d’indépendance présente un Kosovo qui dans le même état qu’elle avait connu lors de la déclaration d’indépendance, sept ans auparavant.

“La déclaration d’indépendance a été perçue comme un acte double : une autonomie politique étatique, mais également comme une nouvelle phase pour la prospérité économique. En fait, aucune des deux n’a été atteinte. Le Kosovo rencontre les mêmes problèmes qu’avant le 17 février 2008. Pour certains, la situation est même pire » déclare Demi pour les médias locaux.

Il ajoute que les investissements étrangers direct n’ont fait que baisser après 2008, en comparaison aux années précédentes. « Le nombre de familles bénéficiant d’assistance sociale est constant, alors que le budget de l’état pour les catégories sociales défavorisées n’a fait qu’accroitre durant ces sept années » souligne l’expert Demi. Les sept années de gouvernance du pays du Kosovo sont caractérisées par des investissements dans la construction des routes et la mauvaise gestion de plusieurs secteurs importants.

Thaçi, sept années pleines de succès

Malgré le fait que les partis de l’opposition, Vetëvendosje, AAK et Nisma aient annoncé de nouvelles manifestations et que les employés de l’éducation et de la santé  aient planifié des grèves du fait que les salaires ne seront pas augmentés et que le contrat collectif ait échoué, le vice premier ministre Hashim Thaçi considère que le Kosovo se trouve dans une très bonne position.

Il explique que pour sept années d’indépendance, le Kosovo a été témoin de grands développements, et qu’il reste un « exemple » de réussite dans le monde.

«Cela fait 7 ans que nous sommes un pays, 1’500 kilomètres de route ont été construits, 100 nouvelles écoles ont été construites, 108 reconnaissances internationales ont été obtenues. L’adhésion à beaucoup d’organisations s’est concrétisée. L’accroissement économique est estimé à 4% en moyenne. La démocratie est consolidée et l’assemblée est élue démocratiquement. Beaucoup de travail a été accompli, en compensation à un siècle d’occupation et une guerre dévastatrice » écrit M. Thaçi sur Facebook.

Par ailleurs, il y a sept ans, les députés du parlement du Kosovo ont déclaré le Kosovo comme un pays indépendant et démocratique. En sept ans, le Kosovo a été reconnu par 108 Etats dans le monde, avant d’adhérer à plusieurs organisations internationales, dont la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International.

Cependant, cinq pays de l’UE ne reconnaissent toujours pas le Kosovo. Il s’agit de l’Espagne, la Grèce, Chypre, la Roumanie, et la Slovaquie.

En plus de la crise sociale et économique, du manque de législation et de la corruption, le Kosovo a  également été témoin d’une montée de l’extrémisme religieux. Des dizaines de dirigeants religieux ont été arrêtés. Les chiffres montrent qu’environ 250 Kosovars auraient rejoint les rangs de l’Etat Islamique en Syrie et Irak.

Le succès le plus important de ces sept années réside dans le domaine du sport. La judoka Majlinda Kelmendi a été championne du monde, et le Comité Olympique Mondial a enfin accepté le Kosovo en son sein au terme de 20 années d’efforts. Il faut rappeler que le Kosovo a également enregistré plusieurs succès dans d’autres sports de combat.