Takimi
Les médias devraient encourager l’État à prendre ses responsabilités face à la jeunesse
Le jeudi 24 mars, dans le cadre de TAKIMI, organisé par l’association Albinfo.ch au Lapidarium du Musée national du Kosovo à Pristina, s'est déroulée une discussion autour du thème « Le rôle des journalistes vis-à-vis des jeunes Kosovars : encouragement ou découragement ? ».
La construction d’un État de droit, qui mettrait au premier plan le bien-être de tous les individus de manière égalitaire, conduirait à des changements radicaux indispensables à l’heure actuelle dans les domaines de l’éducation, de l’économie, de l’emploi, et permettrait par conséquent la hausse du niveau de vie de ses citoyens. La responsabilité d’une telle transformation revient certes en premier lieu au gouvernement, mais les médias, la société civile et les ONG jouent un rôle très important pour la progression de ces avancées sociales.
Tant que chacun des acteurs susmentionnés ne prend pas les responsabilités qui lui reviennent et n’engage pas d’initiatives concrètes, la volonté ou le besoin de quitter le Kosovo à la recherche d’une vie meilleure seront considérés comme des phénomènes négatifs. En effet, la définition de la migration n’est pas la même qu’il s’agisse des pays développés ou du Kosovo. L’émigration des jeunes Kosovars depuis une décennie désormais est l’un des sujets les plus évoqués par les médias locaux. Les chiffres sonnent l’alarme au sujet de nombreux départs sur une courte période, néanmoins peu d’efforts sont déployés pour changer cet état de fait. Les images de la période 2014-2015, montrant les gares routières où une vague de Kosovars prenait illégalement la fuite en direction des pays de l’Occident, étaient un indicateur de l’isolement du Kosovo et de ses citoyens. Ces images, ainsi que les reportages venus des pays voisins qui refoulaient ces migrants partis pour un pays européen, n’auraient pas existé si les citoyens du Kosovo avaient eu la liberté de se déplacer. La nécessité de se déplacer d’un pays à l’autre à la recherche d’une vie meilleure ne devrait pas être perçu comme quelque chose de négatif. Or, dans le cas des pays comme le Kosovo, la migration est malheureusement souvent considérée comme un salut ou comme la seule issue.
Dans cette optique, le jeudi 24 mars, dans le cadre de TAKIMI, organisé par l’association Albinfo.ch au Lapidarium du Musée national du Kosovo à Pristina, s’est déroulée une discussion autour du thème « Le rôle des journalistes vis-à-vis des jeunes Kosovars : encouragement ou découragement ? ». Au cours de cette table ronde, les panellistes Besa Luci, rédactrice en chef de « Kosovo 2.0 », Xhemajl Rexha, journaliste de la chaîne télévisée « Kanal 10 » et Président du Conseil de l’Association des Journalistes du Kosovo (AGK) ainsi que Serge Enderlin, écrivain et journaliste suisse, ont discuté du rôle des médias par rapport au départ des jeunes du Kosovo.
Selon Luci, il est primordial de comprendre les raisons qui poussent une jeune personne à quitter son pays.
« Il existe une opinion, que nous avons prise pour une évidence, qui veut que la migration soit à priori quelque chose de négatif. Il ne faut pas nécessairement considérer la migration comme un phénomène négatif, surtout dans notre contexte. Au fil des siècles, l’histoire de l’humanité s’est construite à travers des vagues migratoires. En revanche, dans le contexte politique actuel, on nourrit un discours négatif sur la migration, surtout quand il s’agit de citoyens des pays dits « en développement », comme c’est le cas du Kosovo, à destination de l’Occident. » a déclaré Luci, en soulignant que le rôle principal des médias à ce propos devrait être d’insister pour la construction d’un État qui offrirait une perspective à ces jeunes pour qu’ils puissent rester et trouver du travail dans leur propre pays.
« Si l’on veut que les jeunes aient une perspective et qu’ils puissent choisir librement le pays où ils veulent vivre, notre rôle en tant que journalistes est d’insister pour un État de droit, construit sur les principes de justice et d’égalité. Or, actuellement, nous ne remplissons pas ce rôle. Tous ces exemples sur les expériences de femmes nouvellement mères, de pauvreté, de personnes sans emploi et autres, témoignent d’un système qui ne se soucie pas du bien-être de ses citoyens. Ainsi, ce que nous devrions faire d’emblée, c’est de parler davantage de l’État. Je trouve très problématique le fait que nous associions souvent l’État au gouvernement. Il y a erreur, car l’État n’est pas le gouvernement, l’État c’est la société, l’État, c’est nous tous », a-t-elle ajouté, en affirmant que le discours employé dans les médias kosovars doit changer. Selon elle, le discours développé dans les médias kosovars ne laisse pas de place à une discussion de fond sur l’idée de l’État que nous voudrions construire, car c’est un discours agressif et offensant qui n’aide pas à comprendre les politiques spécifiques ni leur impact sur la vie des citoyens.
Selon Luci, il est primordial de comprendre les raisons qui poussent une jeune personne à quitter son pays.
« Il existe une opinion, que nous avons prise pour une évidence, qui veut que la migration soit à priori quelque chose de négatif. Il ne faut pas nécessairement considérer la migration comme un phénomène négatif, surtout dans notre contexte. Au fil des siècles, l’histoire de l’humanité s’est construite à travers des vagues migratoires. En revanche, dans le contexte politique actuel, on nourrit un discours négatif sur la migration, surtout quand il s’agit de citoyens des pays dits « en développement », comme c’est le cas du Kosovo, à destination de l’Occident. » a déclaré Luci, en soulignant que le rôle principal des médias à ce propos devrait être d’insister pour la construction d’un État qui offrirait une perspective à ces jeunes pour qu’ils puissent rester et trouver du travail dans leur propre pays.
« Si l’on veut que les jeunes aient une perspective et qu’ils puissent choisir librement le pays où ils veulent vivre, notre rôle en tant que journalistes est d’insister pour un État de droit, construit sur les principes de justice et d’égalité. Or, actuellement, nous ne remplissons pas ce rôle. Tous ces exemples sur les expériences de femmes nouvellement mères, de pauvreté, de personnes sans emploi et autres, témoignent d’un système qui ne se soucie pas du bien-être de ses citoyens. Ainsi, ce que nous devrions faire d’emblée, c’est de parler davantage de l’État. Je trouve très problématique le fait que nous associions souvent l’État au gouvernement. Il y a erreur, car l’État n’est pas le gouvernement, l’État c’est la société, l’État, c’est nous tous », a-t-elle ajouté, en affirmant que le discours employé dans les médias kosovars doit changer. Selon elle, le discours développé dans les médias kosovars ne laisse pas de place à une discussion de fond sur l’idée de l’État que nous voudrions construire, car c’est un discours agressif et offensant qui n’aide pas à comprendre les politiques spécifiques ni leur impact sur la vie des citoyens.
Xhemajl Rexha aussi est d’avis que la responsabilité première de créer des opportunités aux jeunes pour qu’ils puissent réaliser leurs rêves au Kosovo revient aux institutions au pouvoir. Néanmoins, il considère que les médias ont également un autre rôle à jouer dans ce contexte, notamment sur la manière dont sont présentés les faits.
« Nos médias se focalisent davantage sur les succès de nos compatriotes à l’étranger, qui, à mon avis, ont toujours fait un travail excellent depuis des années. Pour nous, ici, au Kosovo, la moindre réussite de l’un de nos compatriotes à l’étranger est perçue comme extraordinaire et héroïque, ou semi-héroïque, pour ainsi dire. Chacun de ces petits succès représente une grande nouvelle pour nous, car il nous donne un sentiment de fierté, le sentiment que nous avons quelque chose à offrir. » a déclaré Rexha. Il a également ajouté que la diaspora kosovare, en raison des nombreux liens qu’elle entretient avec le pays d’origine, continue à être principalement informée par les médias kosovars et par ce qu’ils présentent.
« En fin de compte, ceux qui vivent à l’étranger ont la chance de pouvoir choisir. Contrairement à nous, eux peuvent choisir : ils peuvent venir ici et essayer de voir s’il est possible d’investir dans le business ou dans le domaine des médias », a-t-il conclu.
Bien que la diaspora kosovare puisse avoir une image différente de son pays d’origine par le biais des médias locaux, le journaliste suisse Serge Enderlin estime que le discours sur le Kosovo en Occident reste négatif. Enderlin est retourné au Kosovo après dix ans et son point de vue sur le pays en tant que journaliste diffère de ce qui est généralement présenté. Parlant de l’impact des journalistes dans la société, il a noté que celle-ci a tendance à présenter une réalité très pauvre et sinistre.
« Je crois que les médias peuvent jouer un rôle important dans les domaines du développement économique et de la perspective des jeunes. Nous pensons que l’État, ce n’est pas la société, l’État représente l’organisation de la société. Alors que la société est plus large, qu’il y a aussi dans les associations ou les ONG dans ce paysage. Les médias ici ont un rôle important à jouer », a conclu Enderlin.
Cette table ronde était la deuxième de cette première journée de l’évènement « TAKIMI – Oser rêver au Kosovo ». Le 25 mars, cet évènement organisé par Albinfo.ch s’est poursuivi avec d’autres tables rondes ainsi qu’une soirée de clôture où des entrepreneurs du Kosovo et de Suisse ont discuté sur les opportunités de coopération afin de renforcer le marché du travail pour les jeunes actifs du Kosovo.
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