Religion
Les croyants albanais de Winterthur ne veulent pas être associés au djihad
Le politicien de Winterthur Blerim Bunjaku a entrepris une démarche pour la mise en réseau des mosquées de la ville contre la radicalisation. Cette démarche a été présentée dans une mosquée albanaise de la ville ce vendredi.
Le nom de Winterthur est souvent cité lors des débats sur l’extrémisme dans l’Islam en Suisse. Ces derniers mois, ce nom est devenu synonyme du lieu où sont recrutés les djihadistes. Hasard ou pas, c’est de cette ville dont sont issus la plupart des jeunes ayant rejoint l’organisation terroriste ISIS.
Au moins dans trois cas connus, il s’agit d’Albanais. A cause de cela, un malaise règne autour des mosquées dirigées et fréquentées par les Albanais. Certains clercs et croyants ont étés montrés du doigt suite à ces cas de radicalisation, ils ont du se justifier. « Ces personnes ont entaché notre réputation, car nous n’avons rien à voir avec ce radicalisme. », déclare l’un des activistes de la mosquée originaire de Tetovo.
Bunjaku : « Les mosquées de cette ville sont contre la radicalisation ».
Blerim Bunjaku, qui jusqu’il y a quelques jours était fonctionnaire de la EVP, est désormais un politicien sans parti. Il a entrepris cette démarche de mise en réseau des mosquées pour soulager et rétablir la réputation des mosquées et honnêtes croyants musulmans. « Les mosquées et les autorités de Winterthur doivent collaborer pour appréhender ce problème », dit-il. Le but de son réseau est de trouver une stratégie commune pour les cas où la radicalisation des croyants est grave. « Les mosquées de cette ville sont contre la radicalisation. Les personnes qui promeuvent le djihad appartiennent à des sectes, avec lesquelles la plupart des croyants n’ont aucun lien », a déclaré M. Bunjaku à Albinfo.ch.
Les autorités de la ville n’étaient pas présentes !
Le vendredi, une rencontre entre le pouvoir exécutif de la ville et les médias étaient planifiée dans la mosquée de Töss afin de discuter de ce projet. Néanmoins, arguant que le sujet de la radicalisation dépend des instances cantonales et fédérales, les autorités de la ville de Winterthur ne se sont pas jointes à l’évènement. Au contraire, de nombreux journalistes et médias locaux et régionaux, dont Albinfo.ch, étaient présents lors de la rencontre.
Le seul politicien présent à la mosquée était Christoph Baumann, président de la section du PS de la ville de Winterthur et conseiller de l’assemblée de la ville.
Les activistes et les dirigeants de la mosquée ont offert un accueil chaleureux aux invités, notamment en leur permettant d’assister à la cérémonie de la prière du vendredi.
Dans un discours donné en allemand, le célèbre imam de Wil, Bekim Alimi, a affirmé les valeurs de la cohabitation pacifique, de la tolérance et du bon voisinage, qui sont selon lui des qualités que l’Islam a en commun avec d’autres religions. Il s’est aussi prononcé sur la nécessité de bien connaître autrui pour combattre les préjugés.
Baumann : deux ou trois extrémistes ne peuvent pas entacher la réputation de toute une communauté.
Baumann a dit être content du déroulement de cette visite. « J’ai tout particulièrement apprécié la prédication de M. Alimi, car les valeurs qu’il a exprimé sont aussi les miennes », a-t-il déclaré à Albinfo.ch.
A la question de savoir si sa présence était liée au sujet de la radicalisation, qui est un sujet actuel, le politicien a répondu négativement. Il dit « Il est dommage que ces jeunes prennent ce chemin, mais derrière tout cela se cache des problèmes contre lesquels l’état a voulu agir de façon préventive. Il faut plus de contacts, plus de démarches et plus de rapprochement entre les cultures et les religions ».
Comme exemple de réussite, il cite le cas de la ville de Wil, à Saint-Gall, où l’on a plus travaillé sur le sujet. « Dans mon cercle de connaissances, il y a plusieurs musulman, et il est pour moi clair que les simplifications parfois faites par les médias ne sont pas représentatives de la réalité. Deux ou trois extrémistes ne peuvent pas entacher la réputation de toute une communauté, car les extrémistes peuvent exister dans toute société où communauté religieuse. C’est pour cela que je ne considère pas être venu pour avoir des réponse aux cas de radicalisations de ces personnes, mais je suis venu pour cultiver les contacts et la cohabitation avec mes concitoyens ».
Les hôtes et les invités ont débattu et ont échangés des idées liées aux problèmes et aux préjugés entre les communautés qui, selon l’avis de tous, résultent de la méconnaissance de l’autre.
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