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Le rapatriement, un processus douloureux pour les Kosovars

Selon les statistiques officielles, depuis 2010 et jusqu'à aujourd'hui, c'est 19 mille Kosovars qui ont été rapatriés dans leur pays d'origine. Ce processus d'expulsion devrait continuer au même rythme.

Bejtë Hajdini et Zenel Krasniqi sont deux exemples parmi des milliers à avoir vendu tous leurs biens, mobiliers et immobiliers pour partir demander l’asile dans les pays de l’Union européenne. Mais bien vite, et suite à la signature des accords pour le rapatriement, ils ont été forcés à revenir dans leur pays d’origine, sans avoir pu réaliser leur rêve: vivre sur leur «terre promise». Ce processus de rapatriement est l’un des critères imposé par l’Union européenne. Il est considéré comme l’aspect le plus douloureux des efforts mis en œuvre sur le chemin de l’adhésion. Il force des milliers de Kosovars vivant depuis des années dans des pays de l’UE à retourner s’établir dans leur pays d’origine.

Zenel Krasniqi et sa famille font partie des personnes expulsées de Belgique, dans le cadre de l’accord de rapatriement. Il nous raconte le sacrifice que lui, sa femme et ses deux enfants ont choisi de faire il y a de cela six ans, lorsqu’ils décident d’émigrer vers l’UE. «J’ai vendu nos trois vaches, notre voiture et j’ai décidé de quitter le pays à cause de la mauvaise situation économique. J’ai contacté différents contrebandiers qui nous ont fait passer en Hongrie. Depuis là, nous sommes allés en Allemagne, puis en Belgique. Je pensais que cela serait plus facile d’y demander l’asile», témoigne Zenel Krasniqi. Après quelque temps, la Belgique lui refuse le droit d’asile et lui intime de reprendre le chemin du Kosovo. L’homme explique que le gouvernement kosovar lui a promis de l’aide. Il a refusé, argumentant que c’est une place de travail dont il avait besoin et non de moyens précaires de subsistance. «Qu’est-ce que je ferai au bout de six mois? Il faut que je nourrisse mes enfants. Ici, les gens ayant des diplômes universitaires ne trouvent pas de travail, donc pour moi cela sera encore plus difficile», explique-t-il.

Fahrije Tërrnava, directrice du Département pour le Retour et la Réintégration au sein du ministère kosovar des Affaires intérieures, assure que l’Etat fournit une aide à tous les Kosovars rapatriés qui demandent un soutien du ministère. Elle est revenue en détail pour albinfo.ch sur le processus de rapatriement et de réinsertion. Une fois leur arrivée confirmée par le Département de la Citoyenneté, de l’Asile et des Migrations, les personnes rapatriées sont attendues et accueillies au bureau pour la Réintégration au sein de l’aéroport international de Prishtina «Adem Jashari».

Le ministère soutient les personnes rapatriées

Une fois arrivées, les personnes rapatriées remplissent un formulaire et sont informées des différents services mis en place par le Programme de Réintégration ainsi que des offres qui leur sont réservées au niveau central et local. Il s’agit là de l’aide d’urgence destinée aux personnes rapatriées. «Un appartement en location leur est assuré dans leur commune d’origine, ainsi qu’un pack alimentaire et hygiénique conformément à la réglementation 20/2013», a expliqué Tërrnava.

Les rapatriés peuvent ensuite faire une demande d’accès au programme de Réintégration du Bureau communal pour la Communauté et le Retour. Les organes décisionnels peuvent accepter ou refuser cette demande. Selon Tërnava, les personnes rapatriées se voient également proposer une formation professionnelle. Les enfants rapatriés sont directement insérés au sein du système scolaire. «Pour les élèves ayant besoin d’un enseignement complémentaire de la langue albanaise, un service approprié leur est réservé.

De 2010 à fin 2012, 13 873 personnes ont été rapatriées au Kosovo. Ce chiffre se monte à 5’115 pour l’année 2013. Selon les autorités, le processus de rapatriement est appliqué selon l’entente bilatérale pour le rapatriement que le Kosovo a signé avec les pays de l’Union européenne.

Le Kosovo a signé 21 ententes de rapatriement.

Le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi a répété à plusieurs reprises que l’accès à la libéralisation des visas était une priorité pour le gouvernement. Ce dernier a déjà signé 21 ententes de rapatriement et est en négociation avec un certain nombre d’autres pays. Avec l’accès à la libéralisation des visas, les autorités kosovares espèrent voir le nombre de demandes d’asile diminuer pour la simple raison que les citoyens kosovars seront autorisés à se rendre dans les pays de l’UE et à en revenir. Les autorités kosovares insistent auprès de la population: il ne sert à rien d’émigrer vers l’UE, les demandes d’asiles venant de Kosovars seront désormais toutes refusées.