L’Albanie, au-delà de la mer
L’Albanie commence à attirer les observateurs d’oiseaux
Parmi les 1,5 millions de touristes étrangers qui ont visité l’Albanie l’année dernière, l’on s’aperçoit qu’un nombre grandissant d’entre eux débarquent avec des jumelles et des bloc-notes, il s’agit ni plus ni moins d’observateurs d’oiseaux
Après une longue journée d’observation de la lagune de Narta, dans la soirée du 2 juillet passé, dix-huit membres de l’association ornithologique suédoise Birdlife-Sweden ont sorti et déposé leur bloc-notes sur la table. Circulait conjointement un exemplaire du Fåglar d’Europa med Nordafrika och Mellanöstern (Oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient).
La plupart de ceux qui veulent visiter l’Albanie viennent profiter de l’été en Méditerranée ou grimper dans les montagnes. Il y a dix ans, les rares aventuriers qui venaient observer des oiseaux entamaient leur voyage en Albanie comme une extension de leurs visites à la côte dalmate et aux îles Ioniennes grecques. De nos jours, les observateurs d’oiseaux qui viennent en Albanie sont attirés par les prix bradés ou les plages vierges, en grande partie inexploitées.
De personne à trois cent observateurs d’oiseaux
Parmi les 1,5 millions étrangers qui ont visité l’Albanie l’année dernière – les mêmes chiffres sont prévus pour l’année 2018 – l’on s’aperçoit qu’un petit nombre d’entre eux débarquent avec des jumelles et des bloc-notes, il s’agit ni plus ni moins que d’observateurs d’oiseaux (bird watchers).
“Pour cette année, jusqu’à trois cents personnes ont déjà été sur place “, estime Taulant Bino, Président de l’Association ornithologique d’Albanie (AOS). « Il y a trois ans de cela, nous n’avions personne ».
Les raisons qui les mènent jusqu’en Albanie sont différentes, explique T. Bino. En fait, après une escapade dans les parcs archéologiques de la Méditerranée au mois de juin, certains touristes se lassent des ruines antiques et ne sont pas pressés de voir si au sud de l’Albanie, Enée avait traversé la route reliant Troie à Rome, comme le décrit Virgil. Lorsqu’ils débarquent des croiseurs au port de Saranda, à dix kilomètres dans le nord, ils réclament un guide pour les oiseaux du parc de Butrint afin de réaliser une simple promenade.
La plupart proviennent du nord de l’Europe
Les chiffres sont encore insuffisants, mais la plupart des observateurs d’oiseaux semblent venir de l’Europe du nord, voire même d’autres continents, notamment d’Australie et des Etats-Unis. Les opérateurs touristiques locaux ont également recensé pour le moment des Allemands, des Britanniques, des Hongrois et des Slovènes.
Ils sont à la recherche d’une autre avifaune que celle qu’ils connaissent déjà. De plus, au passage, ils peuvent associer à leur passion les caprices historiques de l’Albanie tels que les couloirs de transport de l’Empire romain, les mosquées datant de la grande époque ottomane ou encore les bunkers de la guerre froide. Les bunkers abandonnés sur les bords de mer, par exemple, outre les chauves-souris, sont devenu des abris des hirondelles rousselines (Cecrops daurica).
En Suède, on ne trouve aucune hirondelle de mer avec des pattes noires, explique HG Karlsson du « Birdlife Suedi Binos » dans le restaurant de Narte. Ni des gelochelidon nilotica, qui est issu de la famille des mouettes, mais n’a été aperçu qu’une ou deux fois en Suède, il y a de cela soixante ans – et qu’il est possible d’observer en Albanie.
L’Albanie, la frontière du plus occidental des pélicans frisés
AOS a détaillé des itinéraires pour les ornithologues amateurs. Pour voir le torcol fourmilier (Jynx torquilla) et d’autres types de piverts, et près de 30 espèces d’oiseaux au total, il suffit de se rendre au Mont Dajti qui se trouve à l’est de Tirana.
Ensuite, il y a la Grande Prespa, le lac que l’Albanie partage au sud-est avec la Macédoine. Au XIVème siècle, sur l’île de Maligrad sur le lac, il y avait une colonie de goélands pontiques (Larus cachinans). Bien qu’i soit omniprésent dans le bassin du Danube, il n’était pas aussi visible dans les Balkans.
L’Albanie est la frontière occidentale d’une zone qui à l’orient commence depuis la Mongolie, et où nichent des pélicans frisés (Pelecanus crispus) dans la lagune de Karavasta dans le centre de l’Albanie.
Quant au nord-ouest du pays, celui-ci commence avec des oiseaux d’eau sur le lac de Shkodër et se poursuit avec des outardes barbus (Otis tarda) dans les zones agricoles sur le lac, puis des chocards à bec jaune (Pyrrhocorax de graculus) et des tichodromes échelettes (Tichodroma muraria) dans les montagnes du nord, “il s’agit là d’un habitat spécial”, explique Taulant Bino :”Il offre aussi bien un paysage qu’une faune d’oiseaux bien plus riche que dans les autres régions du nord du pays.”
(Traduction en français: Vjosa Gërvalla)
L’Association ornithologique d’Albanie (www.aos-alb.org, email: [email protected]) fournit des conseils pour l’organisation d’itinéraires d’observation d’oiseaux.
Bulevardi “Gjergj Fishta” Kulla Nr.2, kati 4, hyrja 18
1001 Tirana, Albania
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