Intégration
La migration n’est pas qu’un fardeau
Bashkim Iseni réaffirme en quoi l'apport de gens d'ailleurs est crucial pour les démocraties vieillissantes du vieux continent.
La migration est désormais de plus en plus associée à un phénomène humain aux facettes principalement négatives. Je pense notamment à deux phénomènes largement médiatisés et qui s’inscrivent dorénavant dans une certaine durée. D’un côté le flux ininterrompu et apocalyptique de migrants en provenance de pays confrontés à de graves conflits au Moyen-orient ou fuyant des régions pauvres du monde, qui affluent vers l’Europe. De l’autre côté, la menace djihadiste – devenue désormais bien réelle depuis les vagues d’attaques meurtrières en France – avec pour fond des jeunes issus de la migration. L’épisode de choc des agressions sexuelles abominables d’une horde d’obnubilés dans la gare de Cologne en Allemagne, mais aussi le débat sur le vote du 28 février au sujet de la nouvelle initiative populaire pour le «renvoi effectif des délinquants étrangers», viennent s’ajouter à ce décor bien sombre.
Ces représentations biaisent un peu trop fortement le visage réel de la migration, son histoire, mais aussi son rôle pour la prospérité de nos sociétés. Ce qu’occulte ce discours éminemment négatif – lequel se base sur des problématiques bien existantes, rappelons-le, mais teintées parfois trop souvent d’éléments culturels – c’est de rappeler l’apport indéniable de la migration pour les démocraties occidentales, et au-delà. Cette contribution est d’abord démographique, et par conséquent, économique.
Selon une étude allemande récente, le pays a besoin continuellement de 500 000 immigrés par année pour pallier à une population vieillissante
Prenons l’exemple de l’Allemagne, un grand pays européen développé. Selon une étude récente d’une fondation allemande, le pays a besoin continuellement de 500 000 immigrés par année pour pallier à une population vieillissante. Ce flux de ressources humaines ne pourra pas être assuré à moyen terme par des migrants en provenance d’autres pays européens, mais bien d’ailleurs. C’est seulement à cette condition que l’Allemagne, mais aussi les autres pays du vieux continent, pourront soutenir la demande de main d’œuvre nécessaire à leur économie.
On sait aujourd’hui que chaque vague de migration apporte son lot de problèmes et de coûts à court terme, mais qu’à moyen et long terme, le pays d’accueil y gagne haut la main. Il y a donc un retour à l’investissement à coup sûr, et pas uniquement sur le plan démographique ou économique. Toutefois, si la migration continue à être perçue systématiquement comme un fardeau, voire une menace contre notre sécurité, les opportunités pour les nouveaux venus, qui sont très motivés à (re)démarrer une nouvelle vie dans leur nouveau pays, risque de se voir réduire comme peau de chagrin, et ainsi gâcher un vrai potentiel pour le pays d’accueil. Toutefois encore, paradoxe de l’histoire, la grande médiatisation de cette question en tant que problème génère, en même temps, un large consensus politique en faveur de l’allocation de ressources afin d’accompagner au mieux et très rapidement l’immersion culturelle des nouveaux venus.
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