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Kosovo: cinq mois de crise politique

Les analystes politiques n’excluent pas des élections extraordinaires au Kosovo, comme alternative de sortie de la crise. Selon eux, le pays ne s’est jamais trouvé dans une telle situation de crise

Alors que les élections parlementaires au Kosovo ont eu le 8 juin dernier, les partis politiques ne parviennent toujours pas à trouver une formule de compromis afin de constituer une coalition gouvernementale. Depuis que le parlement du Kosovo a été dissout, plus de vingt agences indépendantes restent sans Conseil d’administration, et pleins de processus sont bloqués.

Les analystes de Prishtina pensent que c’est la plus grande crise institutionnelle qui ne soit jamais arrivée au Kosovo depuis 15 ans.

Adrian Çollaku, rédacteur en chef du journal « Blic » explique pour albinfo.ch les effets de la crise institutionnelle. Selon lui, c’est surtout les différentes agences dépendantes du parlement qui ont été touchées.

« Cela fait quelques mois que le Kosovo est sans Parlement et avec un gouvernement qui ne possède pas le mandat nécessaire pour la prise de décisions importantes. Les conséquences sont multiples et les domaines institutionnels et politiques sont totalement paralysés » indique Çollaku. Pour lui, l’espoir de sortir de cette crise est bien présent, mais c’est la bonne volonté qui manque.

Selon Çollaku, la première option est que le parti du Parti Démocratique du Kosovo (PDK) cède, ou se rende, pour la simple et bonne raison que le bloc d’opposition n’est pas prêt de se fissurer car il possède le nombre nécessaire de députés. Si le PDK ne se retire pas de la course, alors il faudra nous préparer à une implication de la communauté internationale, ce qui ne serait pas la plus optimale des solutions.

« Au cas où nous aurions une intervention internationale, je n’exclus pas la possibilité d’avoir un Premier ministre sortant d’une « enveloppe », c’est-à-dire un Premier ministre consensuel » explique Çollaku. Selon lui, la meilleure alternative est d’organiser de nouvelles élections que d’avoir un Premier ministre sans aucun « impact».

L’analyste Fadil Lepaja, quant à lui, voit la crise institutionnelle et politique de façon différente. Celui-ci indique pour albinfo.ch que le gouvernement au pouvoir, actuellement dirigé par le PDK, a accepté son propre épilogue, et essaye, à travers ce processus, de retarder et de bénéficier au maximum de cette situation. « Les conseils d’administration sont gérés de façon informelle et sur la base des partis politiques » s’exprime Lepaja, qui accuse le gouvernement d’être subjectif.

Il est à relever que vingt agences indépendantes sont touchées par cette crise politique. La plupart ne fonctionnent pas du tout, dû à l’absence du Conseil d’administration. Parmi elles, l’agence kosovare pour la privatisation, l’agence de la concurrence, de la protection contre les radiations et bien d’autres….

Certains analystes pensent néanmoins qu’à travers l’intervention de la Présidente Atifete Jahaga, un compromis pourrait être trouvé. Durant les deux dernières journées, elle a rencontré les dirigeants politiques du pays, en leur recommandant un accord pour la création des institutions.

Cependant, pour le publiciste Halil Matoshi, la Présidente ne posséde pas assez de pouvoirs pour pouvoir résoudre la crise.

« Je doute que la Présidente du Kosovo aie ce pouvoir politique, intellectuel et moral pour offrir une solution. Ainsi, malgré les tentatives, je pense que nous nous dirigeons tout droit vers des élections extraordinaires » affirme Matoshi.