Opinion

Démasquer le terrorisme djihadiste

Le recours au terrorisme, en tant qu’arme et à des fins politiques, est une récurrence historique depuis des lustres. Tout acte terroriste vise à provoquer des ondes de choc et de peur auprès de la population, afin que les décideurs soient mis sous pression de l’opinion et changent le cours politique.

L’attentat terroriste commis par des fanatiques djihadistes qui a abruptement ôté la vie à des enfants et des adolescents à Manchester, a de quoi susciter l’effroi, l’indignation et la colère. Néanmoins, au-delà des réactions légitimes de compassion et de douleur, une réflexion à froid afin de réfléchir aux moyens pour déraciner ce mal s’impose. Le combat contre ce fléau et sa haine viscérale de l’Occident doit se mener en parallèle sur le plan conventionnel de la prévention, de la protection, de la poursuite, et de la justice, mais sans négliger celui à mener sur le plan idéologique.

Un travail de fond visant à démasquer la propagande djihadiste est nécessaire. Les actes terroristes sont souvent commis par de jeunes individus qui sont cooptés et instrumentalisés dans un cadre idéologique sectaire, en les coupant de leur base culturelle et familiale. Leur vulnérabilité est rationnellement utilisée et enveloppée de références pieuses. Les propos religieux servent souvent à essentialiser des causes matérielles. En fait, c’est au nom de la défense de la religion que des jeunes issus de familles musulmanes – qui sont nés et qui ont grandi en terre occidentale – épousent cette voie djihadiste.

Il faut également montrer que l’usage de la violence par cette mouvance vise aussi des enfants et des civils dans les pays musulmans. Il faut rappeler ce qui se passe dans les territoires contrôlés par Daech: la brutalité et la violence inouïes qui s’exercent sur les populations qu’elle contrôle. De très jeunes filles et des femmes sont martyrisées et réduites au statut d’esclaves sexuelles, sans parler de l’arbitraire obscurantiste général qui y règne. Tout ceci est en complète contradiction avec les principes islamiques, au nom desquels cette sauvagerie est érigée et légitimée.

Dans le cadre des manifestations de solidarité et de communion des citoyens britanniques à Manchester, des personnes de confession et de culture musulmane – identifiées par leurs aspects extérieurs – pleuraient également, aux côtés des autres citoyens, les jeunes victimes de cette ville. Cette présence affichée et l’engagement du côté des familles meurtries sont importants et doivent se poursuivre avec vigueur, car elle contribue à démasquer les vraies motivations de pouvoir et de domination des concepteurs du phénomène djihadiste. La lutte contre ce poison est une affaire de tous, sans distinction de religion.

Article paru dans le quotidien 24heures le 27 mai 2017