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Davos se penche sur les Balkans
Au sommet de Davos de cette année, en marge de la présence des grands de ce monde, les principaux chefs politiques des pays des Balkans ont été conviés pour parler économie. Plus précisément pour réfléchir à «accélérer le développement à long terme dans les Balkans occidentaux».
Pour rappel, en 2001, dans la station grisonne avait aussi eu lieu une autre rencontre spéciale avec les leaders de la plupart de ces pays, et un slogan relativement similaire. Or, dix-sept ans plus tard, il n’y a guère d’avancées spectaculaires, si ce n’est un engagement apparent des principaux pays de la région d’enterrer la hache de guerre avec les voisins, afin d’essayer d’avancer ensemble vers une paix durable. La première question qui vient à l’esprit est: pourquoi ce retard?
Tout d’abord, les dirigeants et les populations de cette région sont prisonniers d’animosités interethniques qui perdurent depuis plus de vingt-cinq ans. Ces tensions, qui sont souvent représentées dans l’opinion comme des conflictualités culturelles ou religieuses complexes, sont en réalité des différends politiques et territoriaux contemporains qui demeurent non résolus. La sortie de ce guêpier passe par une introspection sereine sur les responsabilités de chacun dans les conflits qu’ont connus ces espaces. Or une telle volonté n’existe pas encore.
Toutefois, fort heureusement, certaines voix politiques rationnelles nouvelles cherchent à se démarquer et à rompre avec cette logique romantique. Un signal politique optimiste dans ce sens a émergé précisément à Davos, entre les premiers ministres grec et macédonien. Des pas de compromis symboliques ont été faits par les deux parties au sujet du différend qui porte le nom de «Macédoine» et qui empoisonne les relations entre ces deux pays.
Espérons que cet esprit se reflétera aussi du côté du leadership serbe et kosovar, et ce, malgré l’assassinat récent mystérieux d’un leader serbe au nord du Kosovo, qui avait, par pragmatisme, admis la réalité politique nouvelle créée avec l’indépendance du Kosovo.
C’est un fait. L’abandon des velléités romantiques et la stabilité politique interne et régionale sont une précondition sine qua non au développement économique harmonieux et de longue durée dans cette région. Toutefois, réciproquement aussi, sans de réelles perspectives économiques et financières, les pays de la région ne pourront avancer vers un mouvement de fond d’européanisation. Autrement dit, toute volonté de changement des décideurs politiques de cette région ne suffira pas sans un soutien conséquent et un engagement européen et américain.
Rappelons que le thème de Davos sur la nécessité d’une meilleure distribution des richesses dans le monde se prête bien à la situation socio-économique qui prévaut dans les pays de la région de l’Europe du Sud-Est, frappée par une corruption endémique, par un chômage structurel des jeunes, par des infrastructures obsolètes et par une administration et une justice opaques. Ces pays peinent à se relever sans un vrai élan de solidarité des pays riches de l’Europe.
Les dirigeants et les populations de cette région sont prisonniers d’animosités interethniques qui perdurent depuis plus de vingt-cinq ans.
Article paru dans le quotidien 24heures
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