Développement
Comment les djihadistes ont-ils recruté une étudiante de 18 ans ?
Sous l’emprise de la propagande djihadiste, la jeune Z.K.* de Kumanovo a abandonné l’école et sa famille pour rejoindre le djihad et se marier en Irak.
La jeune Z.K. de Kumanovo (Macédoine) est la toute dernière recrue du groupe djihadiste. Cela fait maintenant quelques mois qu’elle est partie mais les raisons de cette fugue demeurent encore inconnues. Trois jours avant de partir, Z.K. ne s’est pas rendue aux cours, et ses professeurs ont remarqué son absence. On soupçonne que le 13.03.2015, date enregistrée dans le registre des absences de l’école, soit le jour de son départ. La police possède des informations qui confirment le recrutement de la jeune étudiante. Sa famille est à sa recherche depuis quatre mois.
Les parents n’ont jamais pensé que leur fille ferait une telle chose. Son père, A. K., est un homme d’affaires connu dans la ville. Il n’arrive pas à comprendre comment sa fille a pu se faire piéger par les djihadistes. « J’ai du mal à le croire. Tous les jours j’attends son retour. C’est presque impossible mais je garde l’espoir ». M. K., ajoute qu’il est prêt à tout faire pour que sa fille revienne. C’est aussi le souhait de sa mère, qui submergée par les émotions s’exprime difficilement. « Dieu est grand et j’implore son aide ». Les parents se montrent ouverts à toute collaboration qui pourra aider à retrouver leur fille, même si pour l’instant ils ont très peu d’informations.
Selon les dires de son père, la jeune fille se trouve en Irak. « La police a confirmé qu’elle se trouvait en Irak. Nous avons appris qu’elle a épousé un homme dont nous ignorons l’identité. Nous ne savons pas si elle a été contrainte de l’épouser ou si c’était son propre choix ».
Sa famille avait remarqué chez elle un changement de comportement, mais personne ne pensait qu’elle partirait en Irak. Sa mère n’a pas vu venir tout cela. Elle trouve que sa fille n’avait pas beaucoup changé. « Parfois elle m’ignorait, mais cela ne m’a pas inquiété » dit-elle.
Son frère, qui souhaite garder l’anonymat, raconte que plusieurs fois il a trouvé qu’elle était agressive et nerveuse. « À plusieurs reprises je l’ai vu nerveuse. Elle refusait de me parler et me demandait de la laisser tranquille. Dans son laptop j’ai découvert des vidéos étranges, je les ai visionnées et il s’agissait de vidéos djihadistes ».
« Dans ces vidéos on pouvait voir des décapitations, de la maltraitance et de la violence envers d’autres hommes. Un ami commun m’a signalé que ma sœur se comportait de manière étrange. Mes tentatives de parler avec elle ont échoué » dit-il. Sa famille affirme que c’est à partir du moment où elle a commencé à porter le voile que le comportement vis-à-vis d’eux a changé.
Selon une information récoltée par sa famille, Z.K. était entrée en contact téléphonique avec une amie au Kosovo, qui avait été recrutée en même temps qu’elle. Cette personne aurait convaincu Z.K., de partir. Son père affirme en connaître plus sur l’identité des personnes qui étaient en contact avec sa fille, mais il s’agit d’informations non officielles.
« Nous avons pu lui parler quelques fois sur Viber. Elle nous a dit se trouver en Irak, dans un lieu sûr et en bonne santé » rapporte son père, A. K., qui a ajouté que sa fille n’a pas montré de volonté de rentrer à la maison, ce qui le fait penser à une détention contre son gré.
Ses amies racontent qu’elle était devenue agressive et qu’elle regardait des vidéos de guerre en classe. Le responsable de classe n’a pas voulu se prononcer sur l’étudiante, et a indiqué que l’affaire était entre les mains de la police.
Le nombre total des personnes recrutées en Macédoine est inconnu. La police n’a pas encore révélé de chiffres officiels, mais elle a confirmé qu’elle s’occupe de la résolution des cas qui lui sont présentés. Le nombre de victimes dans les conflits à l’étranger est lui aussi inconnu. Même la Communauté religieuse islamique de Macédoine qui, il y a quelques mois a mis en place une plateforme sur la resocialisation des personnes revenant de conflits à l’étranger, ne possède pas d’informations sur le nombre exact de victimes.
*L’identité de la jeune femme et de sa famille est connue par la rédaction d’albinfo.ch.
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