Intégration

Aider les jeunes à choisir une profession

Le système d’éducation en Suisse n’est pas simple. Tout le monde ne peut pas effectuer des études et les universités sont très sélectives. Les jeunes albanais sont souvent face à un dilemme gigantesque concernant leur future profession. La question qui se pose le plus souvent est de décider s’il faut apprendre un métier qui apporte plus rapidement un emploi, ou redoubler les efforts et atteindre un niveau élevé d’éducation afin d’entrer dans le cercle des universitaires, médecins, architectes ou professeurs. Les parents souvent ne connaissent pas le système d’éducation et ont du mal à conseiller leurs enfants concernant cette décision.

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Haxhere Alimi, née dans le village de Glogjë au Tetovo, est venue en Suisse à l’âge de seize ans avec un grand désir d’étudier en Suisse. Mais le chemin n’a pas été facile, et aujourd’hui cette femme courageuse témoigne du parcours qui lui a permis d’entrer dans le cercle des enseignants détenteurs d’un diplôme délivré par une Université suisse.

J’ai terminé l’école élémentaire au Tetovo, raconte Mme. Alimi. Je suis venue en Suisse avec ma mère et mon frère en 1998, dans le canton de Schwyz. J’y ai immédiatement commencé les cours dans une classe d’intégration, où j’apprenais intensément l’allemand. Après 3 mois je parvenais à suivre certains cours dans des classes ordinaires avec les autochtones. Après l’école primaire, j’ai entamé une formation d’un an autrement de type « Überbrückungsjahr », ou éducation pré-professionnel.

« Mon plus grand problème était que je n’étais pas bien renseignée sur le fonctionnement du système scolaire en Suisse. Je ne savais pas s’il fallait commencer un apprentissage ou une école. Puis j’ai commencé un apprentissage pour devenir aide-soignante, avec l’objectif de continuer plus tard une école de médecine. Mais lors des cours et de la pratique, j’ai vite compris que ce n’était pas la bonne profession pour moi, même si je voulais travailler à aider les gens »…

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Une chose très intéressante qui éveille la curiosité est le fait que Mme Alimi a également terminé des études par correspondance dans le domaine de l’économie à Tetovo.

Notre interlocutrice poursuit : « Après avoir fini les études d’aide-soignante, je me trouvais à nouveau face à de nombreux questionnements. Quelle formation suivre ensuite, dans quelle école s’inscrire, comment atteindre mes objectifs ?

En fait, les chances réelles de réussir à faire ce que je voulais étaient nulles, parce qu’avec la formation que j’avais faite, les études universitaires m’étaient fermées. Je ne pouvais pas m’inscrire à la faculté de mon choix. La condition à mon admission aux études était le diplôme d’études secondaires. Finalement j’ai obtenu le diplôme d’études secondaires à Tetovo, et ensuite j’ai planifié la poursuite de mes études à l’Université de Tetovo à la Faculté de langue et littérature allemande. L’idée était que cette formation allait m’aider à perfectionner la connaissance de la langue et de la littérature allemande. J’ai terminé avec succès mes études à Tetovo et je suis revenue en Suisse.

Après les études, je savais dans quel domaine je voulais travailler dans le futur. Je voulais mieux comprendre la situation des étrangers dans le pays, ainsi que les aider, indépendamment de leur religion, leur origine, la couleur de leur peau ou leur langue. Au départ, j’ai effectué des traductions en albanais-allemand dans le centre d’intégration « Kom-in » dans le canton de Schwyz. Plus tard, j’ai suivi un cours sur deux niveaux, à la Croix-Rouge, en tant que traductrice interculturelle. J’étais heureuse dans mon travail, mais mes objectifs ne s’arrêtaient pas là. Mon objectif d’étudier en Suisse demeurait. Et je me suis lancée, j’ai envoyé ma candidature à la haute école de pédagogie du canton de Schwyz. J’ai fait trois années d’études comme enseignante parascolaire. Accomplir cette formation m’a demandé de relever un grand défi, mais cela aura été expérience enrichissante et une occasion de comparer le système éducatif suisse et celui de ma ville natale.

A la question des différences et des points communs entre les deux systèmes, elle répond : « A Tetovo les études étaient plus dans la spontanéité, et les étudiants avaient beaucoup de temps libre car les demandes des professeurs étaient moindres. Les études étaient plus théoriques et nous n’avions pas beaucoup de cours pratiques. Durant mes quatre ans d’études, j’ai eu seulement un mois de pratique et ce, sans aucun dirigeant et sans aucune évaluation après la pratique. En Suisse, au cours de chaque semestre, nous avions des cours pratiques et c’est à mon sens la plus grande différence entre ces deux systèmes universitaires » a-t-elle dit.

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Aujourd’hui, Mme Alimi a créé un centre d’éducation pour les parents et les enfants « Eltern-Kind Musikus Zentrum » dans la commune de Volketswil à Zurich, pour les enfants de 2 à 12 ans, en collaboration avec Mme Luljeta Shaqiri, psychologue, avec qui elle avait un bon contact depuis l’époque des études, grâce à l’association « Studenti ». Dans ce centre, en plus du programme éducatif et musical pour les enfants en langue albanaise et allemande, différents cours pour les immigrés sont organisés, ainsi que des cours d’apprentissage supplémentaires pour les étudiants qui aspirent à avoir une meilleure réussite scolaire, comme l’aide aux devoirs, la préparation aux tests scolaires ou aux examens d’entrée du collège. Mme Alimi nous donne une astuce pour les parents : « Je conseille à tous les parents d’aider autant que possible leurs enfants à faire les bons choix d’orientation professionnelle, de les soutenir tant sur le plan pratique que sur le plan psychologique et émotionnel. Il faut qu’ils se renseignent et demandent de l’aide en dehors de leur maison, car cela leur permettra de mieux conseiller leurs enfants dans leur orientation professionnelle, et d’augmenter leurs chances d’accéder à un avenir meilleur et prospère ».