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La députée suisse est la voix des retraités du Kosovo
Elle a demandé au gouvernement suisse de résoudre très vite ce problème, car selon elle, ce sont les retraités qui en payent les conséquences. Albinfo.ch a rencontré la députée pour en savoir plus sur cette interpellation.
Albinfo.ch : Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer une interpellation ? Quelle relation avez-vous avec la diaspora albanaise, et avec le Kosovo en général ?
Gysi : Je connais beaucoup de Kosovars vivant en Suisse, mais je ne connais pas personnellement de gens là-bas qui sont dans la situation où leur pension ne leur est pas versée. Cependant, pour moi, c’est inacceptable et je suis contrariée du fait que nous n’ayons actuellement aucun accord de Sécurité sociale avec le Kosovo. Ces gens ont travaillé ici trop souvent avec de mauvais salaires, ont contribué à notre bien-être, et maintenant ils ne touchent pas leur retraite. À mon avis, cela ne devrait pas arriver. Beaucoup d’entre eux ont risqué leur santé en travaillant ici.
Selon moi, nous devons assurer la vieillesse de tous ceux qui travaillent en Suisse et paient l’assurance AVS, peu importe où ils habitent après la retraite. Cette règle est rompue avec le Kosovo, donc je pense que ce n’est pas juste.
D’autre part, étant députée je connais beaucoup de gens ici et j’ai remarqué l’importance particulière qu’a la diaspora dans la construction de l’État du Kosovo.
La diaspora aide par d’importantes sommes d’argent le nouvel État du Kosovo. Il est important que les gens qui vivent au Kosovo aient des revenus, et je pense que la Suisse a un intérêt général à ce que tous les pays des Balkans fonctionnent bien.
En ce moment nous exerçons une pression palpable pour que certaines choses soient réglementées, comme l’enregistrement de l’état civil ou la loi sur les assurances, afin que l’état puisse fonctionner comme il le devrait et pour que les paiements restants puissent être encaissés en toute sécurité. Je n’accepte pas que les gens qui ont travaillé ici en Suisse ne puissent pas recevoir leurs pensions AVS. Après tout, ils ne sont pas responsables du dysfonctionnement de l’état.
Albinfo.ch : Sur votre site, vous avez dit avoir l’appui de 23 députés sur les 200 que possède le Parlement suisse. Ressentez-vous de la compréhension de la part de vos collègues au sujet de cette initiative ?
Gysi : Mon but n’est pas de recueillir des signatures, car il s’agit d’une interpellation au gouvernement avec des questions auxquelles il faut répondre par écrit. Donc, je n’ai pas cherché un large soutien, j’ai surtout demandé le soutien de ceux de nos rangs. Peut-être que je peux vous donner un exemple : à chaque session je fais toujours un rapport, et je reçois des commentaires. Dans ce rapport, j’avais écrit un paragraphe au sujet de cette plainte. À ce sujet, j’ai alors échangé quelques emails avec un membre du parti PLR. Au début, il ne comprenait pas pourquoi je déposais cette plainte. Puis je lui ai expliqué la situation et il m’a alors dit : « c’est malhonnête, ces gens ont été trompés sur leurs pensions ». Pour lui, il est absolument clair que cela ne peut pas continuer ainsi. Je pense qu’en Suisse il y a beaucoup de gens qui ignorent que ces pensions ne sont pas payées.
Albinfo.ch : Considérez-vous cela comme une fraude de la part du gouvernement suisse ?
Gysi : Oui, dans un certain sens, puisque ces pensions sont impayées alors qu’elles devraient l’être. Néanmoins, il est clair qu’une fois l’accord de Sécurité sociale signé, les pensions restantes seront restituées. De ce point de vue, il ne s’agit donc pas véritablement d’une fraude puisque ces personnes finiront par toucher leurs pensions, mais évidemment ils ont été trompés. Ce n’est donc pas correct et je pense que la partie parlementaire du gouvernement devrait exercer de la pression pour que cette affaire avance. Au sein du PS nous avons reçu continuellement des plaintes. J’étais au Kosovo il y a deux ans, et lors d’une conversation avec le ministre des Affaires sociales, je l’ai assuré que nous ferons tout ce qui est en notre possible pour que l’affaire aille de l’avant, mais nous avons demandé plus d’engagement du côté du Kosovo. Nous ne pouvons pas attendre seulement l’engagement de la Suisse, ce problème doit aussi être traité du côté Kosovar.
Albinfo.ch : Pensez-vous que le Kosovo ne réagisse que trop peu par rapport à ce problème ?
Gysi : Au début, peut-être que cela a été un peu sous-estimé. Il faut un État fonctionnel pour que cet accord puisse être mis en place. Des lois sont nécessaires, ainsi qu’un système de retraite et des accords de Sécurité sociale réciproques entre les pays. Bien sûr, il est encore inimaginable qu’un travailleur suisse qui aurait travaillé et vécu au Kosovo puisse à la retraite rentrer en Suisse, et qu’il demande alors à ce que sa pension lui soit versée en Suisse par l’État Kosovar ; mais théoriquement, cela devrait être possible. C’est dans notre propre intérêt que le Kosovo fonctionne le mieux possible, car ainsi les conditions économiques seront meilleures et la pression migratoire vers l’Europe occidentale sera beaucoup plus faible.
Albinfo.ch : Quand les personnes concernées peuvent-elles espérer recevoir une réponse, sachant que la prochaine réunion où l’on traitera de ces plaintes se tiendra en septembre.
Gysi : La réponse doit être donnée d’ici septembre, l’interpellation ne sera pas discutée, mais il y aura une liste des plaintes sur lesquelles on pourrait discuter. Mais l’important est que le problème a été mis en lumière, et nous recevrons une réponse par écrit. En se basant sur cette réponse, nous verrons comment résoudre ce problème. Si la réponse devait être négative, alors nous passerions à l’étape suivante.
Albinfo.ch : Quelle sera la prochaine étape si la réponse donnée par le gouvernement ne devait pas être satisfaisante ?
Gysi : Dans ce cas, nous déposerons une plainte pour obtenir des obligations. Nous pourrions présenter une motion qui serait ensuite discutée. Le plus important est que l’interpellation suive son cours : le cas est sur la table des négociations. Je peux vous dire que j’ai reçu des informations selon lesquelles un travail sérieux à trouver une résolution à ce problème est en cours.
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