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Brunschwig Graf: La guerre contre le racisme est une guerre pour la Suisse

Trois questions à Mme Martine Brunschwig Graf, Présidente de la Commission fédérale contre le racisme

A l’occasion de la Semaine contre le racisme, le Bureau de l’intégration des étrangers à Genève a organisé hier soir le 18 mars 2015 une conférence pour marquer les 20 ans de la norme pénal contre le racisme. La conférence nommée « Le 261bis a 20 ans. Majeur et vacciné ? » avait pour but de permettre de tirer un bilan de ces décennies d’action antiraciste et de discuter de la manière dont cette norme pénale pourrait évoluer, ou comme certain évoquent même la possibilité de sa suppression.

Participants à cette conférence : Martine BRUNSCHWIG GRAF,  Présidente de la Commission fédérale contre le racisme. Tarek NAGUIB, Licencié en droit, collaborateur scientifique à la ZHAV, Professeur invité à l’Université Humbolt – Berlin.  Philipppe NORDMANN Avocat, docteur en droit, ancien Président de la commission juridique de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).

Pour les lecteurs d’Albinfo, Mme. Martine Brunschwig Graf, Présidente de la Commission contre le racisme (CFR) répond à nos trois questions :

albinfo.ch : Comment voyez vous la Commission fédérale contre le racisme depuis votre arriver à la présidence de cette commission ?

Martine Brunschwig Graf: La CFR me paraît plus indispensable que jamais. Son rôle a plusieurs facettes : dénoncer parfois, prévenir toujours, coordonner, stimuler, encourager et surtout s’appuyer sur les très nombreux partenaires qui s’engagent dans la lutte contre le racisme. La CFR doit rester indépendante du pouvoir politique et travailler dans la durée et la crédibilité. Elle saisit cette année l’occasion du 20e anniversaire de la norme pénale contre le racisme pour lancer une campagne de longue haleine avec les jeunes sur les réseaux sociaux. La parole active et positive est la meilleure réponse au racisme.

albinfo.ch: Etes-vous satisfaite aujourd’hui de la mobilisation des autorités et des institutions, société civile et politique en Suisse qui se mobilisent contre le racisme dans notre pays ?

Martine Brunschwig Graf: Les autorités politiques à tous niveaux, gouvernement, parlement, partis politiques doivent bien davantage prendre la parole et rappeler quels sont les principes qui régissent l’Etat de droit et la vie en société ; nous attendons des autorités qu’elles donnent de la voie lorsque le discours de haine s’empare des réseaux sociaux, lorsque l’islamophobie, l’antisémitisme, les propos discriminatoires envers diverses populations particulièrement exposées s’expriment par la parole et hélas, parfois par les actes, dans notre pays. La norme pénale ne peut remplacer le discours politique et celui-ci est très faible actuellement.  a

lbinfo.ch: Votre message pour nos citoyens courageux et responsables qui luttent contre le racisme en Suisse ? 

Martine Brunschwig Graf: La Suisse s’est construite en s’appuyant sur sa diversité et en s’efforçant de faire en sorte que chacun puisse vivre dans la dignité et le respect. Combattre le racisme et les discriminations c’est défendre en fait les valeurs qui ont fait la Suisse !