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Les entreprises ferment et quittent le Kosovo
Selon le ministère du commerce, entre le 1er janvier 2001 et le 12 janvier 2015, 674 entreprises étrangères ont été enregistrées. L'année passée, 39 d'entre elles ont mis la clé sous le paillasson.
Il est arrivé d’Allemagne il y a plusieurs années afin d’investir dans une usine de recyclage du plastique. Au début, il pensait que le Kosovo était un endroit propice pour investir, mais après plusieurs années, Gazmend Mustafa se dit prêt à quitter le Kosovo. Quant à la machinerie de son usine « Beli-Eurofol », il a décidé de la transporter dans un pays voisin : la Macédoine.
Là-bas, il investira 4.5 millions d’euros, étant donné que l’état macédonien lui offre de meilleures conditions pour faire des affaires. Parmi ces conditions, on peut noter un hectare de terrain et 5 ans d’exemptions de taxes.
« Il ne me laissent pas travailler ici », a expliqué Mustafa aux médias locaux au Kosovo. Il était venu d’Allemagne 8 ans auparavant afin d’investir dans sa ville natal, Ferizaj. Mais à présent, cela fait un an que l’import de matériaux de recyclage venant d’Allemagne est bloqué à la douane du Kosovo.
« J’ai reçu une amande de 104’000 euros sous prétexte que j’aurais menti sur les lignes tarifaires afin d’éviter la taxe douanière » explique Mustafa pour le journal local « Fjala ». Mais selon lui, le code réclamé par la douane n’est pas applicable pour cette institution, car en effet le Kosovo n’est pas membre de la Convention de Bâle.
« Ils ont certainement reçu de l’argent de quelque part pour nous détruire. Ils doutent sur une éventuelle évasion fiscale de10%. Les matériaux en question ont été classé comme matériaux recyclables, et pourtant ils continuent à le considérer comme un produit prêt pour le marché» s’exprime avec consternation l’homme d’affaires kosovar.
Il ferme son entreprise au Kosovo et part en Bulgarie
Cet entrepreneur n’est pas le seul à être déçu par les autorités kosovares. En effet, un autre homme d’affaires de Ferizaj a pu constater de son côté que les politiques fiscales ne sont pas au meilleur niveau au Kosovo. Ce dernier a été contraint de fermer son entreprise au Kosovo, afin d’en rouvrir une autre, identique, mais en Bulgarie.
Cet homme d’affaires a laissé sans emploi près de 200 personnes, et exprime aujourd’hui son désarroi lorsqu’il voit que la majorité de ses employés ont dû migrer illégalement vers l’Allemagne, l’Autriche et la France. Ce propriétaire d’usine souligne que le salaire de ses employés variait entre 300 et 600 euros par mois.
Il poursuit en expliquant qu’il avait été contraint à fermer son usine, car la marchandise importée de Serbie et d’autres pays était favorisée par rapport à d’autres marchandises de matériaux importées au Kosovo pour la production. « De l’huile qui est produite en Serbie, entre au Kosovo avec seulement 16% de TVA, mais si nous produisons ce même produit au Kosovo, nous sommes obligés de payer 27.5% », fait remarquer l’homme d’affaire.
Le premier ministre Mustafa a également réagi sur le monopole des entreprises au Kosovo, ainsi que sur le départ des plusieurs d’entre elles. Il a affirmé sa volonté à combattre la corruption, le monopole de certaines entreprises publiques et privées avant d’ajouter qu’il fallait créer des conditions égales pour chaque entreprise.
« Nous ne pouvons pas permettre l’étouffement des petites entreprises. Nous leur donnerons leurs chances dans des conditions égales au niveau de la concurrence, des licences, de la douane, du contrôle de la qualité, des prix, et du système de procuration » a fait savoir le premier ministre kosovar.
En 15 ans, 674 entreprises étrangères inscrites
Albinfo.ch a contacté l’agence d’enregistrement des entreprises au Kosovo. Mehdi Pllanishku est le coordinateur des questions juridiques et pratiques. Selon lui, du 1 janvier 2001 jau 12 janvier 2015, 674 sociétés étrangères ont été enregistrées.
Il ajoute que le délai d’inscription pour une entreprise est de 3 jours. Ceci signifie que les procédures d’inscription ont été simplifiées.
Cependant, les autres statistiques indiquent que, durant l’année passée, seulement 39 entreprises étrangères ont fermé leur porte ainsi que 20 % des entreprises locales, qui employaient en moyenne 2 personnes. Autrement dit, durant les 5 dernières années, ce sont au total 13 mille emplois qui ont disparus.
Les causes sont nombreuses : les politiques fiscales non-adéquates, l’économie souterraine, la corruption, les taux d’intérêts, le monopole crée par les corporations, le prix de l’électricité, ainsi que la libre circulation dans les pays de l’union européenne.
L’expert en questions économiques, Naim Gashi, a fait savoir pour albinfo.ch qu’il était primordial pour le Kosovo d’améliorer les conditions investissements. Les secteurs dans lesquels il faut intervenir pour attirer les investissements étrangers, selon lui, sont ceux de l’énergie, des minerais, de l’agriculture, et du tourisme.
« Afin que nous puissions concurrencer les pays de la région, le Kosovo doit combattre la corruption de façon plus rigoureuse et doit améliorer le respect de la loi, car nous ne pouvons pas nous attendre à la venue d’investisseurs étrangers sérieux, si ces derniers doivent attendre pendant des années dans les tribunaux pour de petites plaintes » a expliqué Gashi.
Gashi: il faut combattre la bureaucratie
La bureaucratie au niveau central et local, comme l’a expliqué Gashi, est l’une des autres barrières pour les investisseurs étrangers.
« La bureaucratie qui survient lorsqu’il faut délivrer des permis et autres licences rend les affaires très difficiles au Kosovo. Il est indispensable que ces procédures se raccourcissent et se simplifient, car la création de monopoles publiques et privés renvoie un signal de découragement pour les investissements provenant de l’extérieur » considère Gashi.
Toujours d’après l’expert, l’alimentation en courant électrique est un autre problème qu’il faut signaler. “Le réseau électrique est encore très vieux et les entreprises qui viennent pour investir au Kosovo se voient obligées d’amener leurs propres installations dans le but d’améliorer la qualité de l’électricité. Normalement, cette responsabilité incombe à la société publique qui doit occuper de la distribution de l’électricité dans le pays. Il faut que cette nécessité réponde aux attentes des entrepreneurs».
Safet Gërxhaliu, de la chambre économique du Kosovo, affirme que les données sont inquiétantes et que selon lui, si la production n’est pas stimulée, les investisseurs déjà présents risquent, eux aussi, de s’en aller.
Zeka: Les investisseurs ne se sentent pas en sécurité
Arian Zeka, de la chambre économique américaine, indique pour albinfo.ch que le petit nombre d’investisseur qui existe au Kosovo fait face à un manque de sécurité importante. En effet, le manque de clarté dans les dispositions légales pose un problème majeur pour eux.
« Les décisions des investisseurs d’installer leurs activités au Kosovo sont bien évidemment influencées par les politiques fiscales ainsi que les motivations monétaires et non-monétaires présentes dans les pays voisins lesquels, finalement, ne se trouvent pas si loin géographiquement » explique Zeka.
À la question sur les conditions d’investissements au Kosovo, Zeka répond que malgré la réduction des barrières bureaucratiques, les conditions entrepreneuriat au Kosovo ne sont pas favorables, et ce notamment à cause du manque d’efforts fourni dans l’amélioration de la législation et le combat contre la corruption.
« Aucun investisseur sérieux ne placera son capital dans un pays où la corruption est répandue. Il est important toutefois de mentionner que le Kosovo possède des taux d’imposition très attractifs, ce qui manque ce sont ces simplifications qui feraient de notre pays un endroit égal au niveau de l’attraction des investissements étrangers, tels que les pays de la région » rapporte Zeka.
Pour le président de la chambre économique du Kosovo les investisseurs doivent sentir un sentiment d’inclusion de la part des institutions. « Les politiques fiscales doivent changer afin de permettre une augmentation des priorités concurrentielles des entrepreneurs du secteur privé, et surtout ceux des PME, des entreprises dirigées par les jeunes et par les femmes. Pourtant, ce qui est le plus important, ce sont les efforts dans la législation, le combat contre la corruption et la hausse de l’efficacité des tribunaux » conclut Zeka.
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