Religion
Djihadistes et musulmans: les nécessaires nuances
Le contexte suisse est différent de celui des autres pays européens.
Depuis les attaques terroristes contre Charlie Hebdo, la menace djihadiste et la présence musulmane en Europe sont très présents dans les médias. Ces deux réalités méritent toutefois une lecture quelque peu plus nuancée.
L’extrême violence commise à Paris par des jeunes qui se revendiquent d’un islam politique, suscite des inquiétudes et un effroi légitime. Cette menace djihadiste peut aussi objectivement menacer la sécurité de la Suisse et la vigilance accrue doit être de rigueur. Néanmoins, le lien entre djihadistes et présence des musulmans dans les pays occidentaux est parfois établi de façon trop mécanique.
Autrement dit, même si les auteurs de ces actes abominables sont issus de familles musulmanes, il faut relever qu’ils ne représentent qu’une frange marginale d’une jeunesse radicalisée. Les auteurs, qui sont souvent psychologiquement et socialement vulnérables, ont été intentionnellement coupés de leur base culturelle et familiale et immergés dans une nébuleuse djihadiste globale sans lien avec un territoire.
Comme le souligne Olivier Roy, l’un des meilleurs connaisseurs de cette problématique, «les jeunes radicalisés, s’ils s’appuient bien sur un imaginaire politique musulman (la oumma des premiers temps), sont en rupture délibérée tant avec l’islam de leurs parents qu’avec les cultures des sociétés musulmanes».
«En Suisse, les populations musulmanes sont plurielles et diverses»
Lorsqu’on évoque aussi le fait musulman en Suisse, une observation s’impose. A l’image d’autres pays européens, la Suisse compte une minorité sociale – suisse et immigrée – de confession musulmane, qui gravite entre 4 à 5% de sa population. Toutefois, l’analogie s’arrête là car la comparaison statistique éclipse une réalité sociologique plus subtile. Plus concrètement, en Suisse, les populations musulmanes sont plurielles et diverses et on peut très difficilement utiliser le terme de communauté musulmane. Autrement dit, chaque groupe de population musulmane cherche à vivre sa foi en harmonie avec sa culture d’origine, ce qui contribue au maintien de leur diversité. De plus, elles sont principalement originaires du continent européen, c’est-à-dire des Balkans et du monde turc.
Même si ces dernières années ces régions sont la proie à un foisonnement de mouvements salafistes et de recrutements djihadistes pour les fronts du Moyen-Orient, la majorité des musulmans de Suisse et des familles dont elles sont issues ont évolué dans un esprit de tolérance traditionnel, séculaire, avec des populations chrétiennes. Enfin, à la différence de la plupart des pays européens, la Suisse n’a pas de passé colonial et sa minorité musulmane, qui est en voie d’intégration harmonieuse, n’est pas confinée dans des ghettos ethniques ou religieux sans perspectives socio-économiques. (24 heures)
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