Intégration

“Besa” ou “Quand la majorité s’est trompée, les Albanais ont agi de manière juste ”

L’exposition intitulé “Besa” a ouvert ses portes le 11 septembre à Bienne. Cinq jours plus tard un débat s’est déroulé entre les différentes communautés, inspiré par « Besa »

“Quand presque tout le monde agissaient à tort, certains avaient décidé d’agir de manière juste ». Telle était la devise de l’exposition itinérante intitulée « Besa » à Bienne. La notion  « faire le bien », se réfèrent aux Albanais, un exemple spécifique lorsqu’il s’agit de la défense des Juifs durant la Seconde guerre mondiale, et tout cela grâce au projet  de Besa.

Après la première activité, tenue il y a quelques mois à Bâle, le projet a continué, avec le même succès, le 11 septembre, dans la ville bilingue de Biel / Bienne du canton de Berne. Un riche programme en musique, des discours de bienvenues par de nombreux orateurs ont  accompagné cette activité principale : une exposition maintenant connue mondialement présentant des photos du célèbre photographe américain Gerschmann.

Plusieurs personnalités politiques étaient également présentes pour l’événement, à commencer par l’ambassadeur d’Israël en Suisse, Yigal Caspi, ainsi que celui du Kosovo, Naim Malaj, la consule d’Albanie Eliverta Radomi et le premier secrétaire de l’ambassade, Kastriot Noli. L’ouverture a été réalisée par Alain Pichard, avec le conseiller de l’Assemblée de la ville de Bienne, Ali Sulejmani, avant de laisser place à la modération aux deux jeunes filles, Pajtime Dodaj, d’origine albanaise, et Adina Merline, d’origine juive.

Sur scène, plusieurs personnalités sont montées afin de saluer l’ouverture de cette exposition. Tout d’abord, le maire de la ville de Bienne, Erich Fehr, le directeur pour l’éducation et la culture, Cedric Nemitz, le directeur du centre pour l’éducation professionnelle (lieu où se tenait l’exposition), Daniel Stähli, le président de l’association « les amis de Yad Vashem » de Genève, Joel Herzog ainsi que le président de la communauté des hébreux à Bienne, Daniel Frank.

Mais ce qui a captiver particulièrement c’est surtout la prélude de l’une de ces personnes qui avait choisi de protéger les Juifs durant la Seconde guerre En effet, M. Rexhep Hoxha est venu spécialement de Tirana afin de délivrer le message laissé par son père, qui durant 14 mois avait décidé d’héberger et de protéger une famille juive dans sa maison.

Le film américain « Besa » évoque l’exemple de  Rexhep. Ce film a été projeté dans les cinémas de la ville de Bienne. Le message principal qui s’est fait ressentir à travers chaque orateur était l’importance de l’œuvre unique des Albanais, qui, en mettant en danger leurs propres personnes, ont sauvé des vies.

Ils ont souligné plus d’une fois que dans le monde bouleversé où nous vivons, et surtout à la lumière des conflits actuels au Proche-Orient, l’exemple de la « Besa » albanaise constitue une leçon irremplaçable.

L’ensemble « Schtetl Klesmorin » a joué un nombre de mélodies instrumentales de tradition hébraïque pendant que d’autres danses et chansons de tradition albanaises se sont exécutées.

Débat sur les préjugés entre communautés

Dans le cadre des activités organisées pour cette exposition, le 16 septembre à Bienne s’est également tenu un atelier, qui avait pour thème un débat sur le dialogue entre les différentes communautés religieuses et ethniques. L’objectif du débat portait sur l’élimination des préjugés. L’atelier a été organisé par NCBI en Suisse et par l’institut pour la collaboration interculturelle et le dialogue. Cet atelier fait partie d’un projet qui a commencé plus tôt, avec pour thème « Le respect : surmonter ensemble la haine contre les musulmans et les juifs ».

Cinq suisses d’origine juive ont pris part au débat, accompagnés de musulmans du Proche-Orient et d’origine albanaise. L’objectif du débat, animé par le dirigeant de NCBI, Ron Hallbright, était l’identification des préjugés entre les communautés et les efforts pour les surmonter. « Ce ne sont pas seulement les préjugés des Suisses envers les étrangers ou plus spécifiquement envers les musulmans, les juifs ou les Albanais. Les préjugés existent également entre les communautés minoritaires, telles que les musulmans ou les juifs  etc.… » a rappelé Hallbright, tout en appelant à vaincre ces préjugés, une chose qui ne peut se faire qu’en apprenant à se connaître. M. Hallbright  a également évoqué certains souvenirs en tant que juifs des Etats-Unis, élevé en écoutant les histoires sur ceux qui ont aidé les juifs durant la Seconde guerre mondiale. Hallbright a également affirmé que c’est tardivement et par hasard qu’il a appris que les Albanais étaient les sauveurs des Juifs. Grâce a ce débat, les  participants ont pu apprendre pour la première fois le rôle des Albanais durant la Seconde guerre mondiale.

Les Albanais, peu importe la religion et la classe sociale, ont sauvé des Juifs

Plus tard, c’est Rexhep Hoxha, de Tirana qui s’est joint au débat. Le père de ce dernier avait hébergé une famille juive durant 14 mois dans sa maison. Hoxha est également le protagoniste du film américain « Besa », projeté par le cinéma de Bienne. À la question du modérateur si c’était la religion ou le nationalisme albanais qui a sauvé les juifs, l’invité de Tirana répond: « les Albanais, peu importe la religion ou la classe sociale, ont fait ce que mon père avait fait. Il y a également eu des Albanais catholiques et orthodoxes qui ont hébergé des juifs. Des villageois, des citadins, des ministres et autres officiels ont participé à la même cause. Je dois cependant dire que la religion de mon père (qui fût musulman) ne l’a pas empêché de protéger des croyants d’une autre confession, comme celle des juifs. »

Mimoza Sejdiu, en tant qu’organisatrice et modératrice, a parlé de ses connaissances en tant qu’albanaise née en Suisse sur le sauvetage des juifs en Albanie. Mimoza a souligné que ses parents lui avaient raconté ces histoires lorsqu’elle était enfant. Une telle histoire l’a rendue fière, surtout par rapport aux préjugés qui accompagnent les images des Albanais en Suisse.

Plusieurs autres individus ont pris part au débat, tels que Ali Sulejmani, Alain Pichard etc… albinfo.ch, en tant que partenaire et sponsor médiatique, était présent dès les débuts de la mise en œuvre du projet « Besa. »