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La DGSE : Hashim Thaqi est un agent des Services secrets français

Après la publication par la majorité des médias albanophone de la vidéo affirmant que Hashim Thaqi est un agent des Services secrets de la France, albinfo.ch a visionné le documentaire en question et vous soumet ladite traduction avec un commentaire en guise de complément.

D’emblée, soulignons que la traduction reste fidèle aux propos présentés par le documentaire de la chaîne française. Nos lecteurs pourront donc avoir le plaisir de la découvrir  sur notre site en langue albanaise. Néanmoins, avant d’entamer cette lecture, relevons quelques messages implicites, souhaités ou non par ses auteurs, participant à la défiguration de l’image internationale du Kosovo.

Sur la plan de la forme,  il est regrettable de constater  que  la musique accompagnant les images sur le Kosovo (Mitrovica, Prishtina ou encore Drenica)  ne soit pas autre chose que la voix d’un Imam chantant en langue arabe. Et pour bien souligner qu’il s’agit d’une région reculée, un  gros zoom sur la calèche improvisée transportant trois hommes kosovars fournit la preuve indiscutable que le Kosovo est une région située très très  loin de l’Europe.  Ainsi, grâce à ces trente minutes de clichés,  le spectateur néophyte  aura appris que  le Kosovo est  un pays mafieux, arabo-musulmans avec des paysages poussiéreux à souhait où l’on roule encore en calèche.

Quant au fond, on ne vous présentera comme  figures emblématiques du Kosovo que celles qui sont extrêmement controversées dans le  pays. Ainsi, Hashim Thaqi le mafieux, Xhavit Haliti et Azem Syla les complices, mais aussi son opposant, Gani Geci, un chef de clan buvant  le thé à la turc. Quant à la figure d’Ibrahim Rugova, une figure emblématique qui a fait couler bien plus d’encre que tous les précités réunis, il aura à peine droit à quelques secondes, et l’on passera presque sous silence  son combat pacifique, courageux et unique dans les Balkans.

En d’autres termes, si l’enquête et ses révélations à l’égard de Hashim Thaqi sont plus qu’intéressantes pour le téléspectateur, il n’en demeure pas moins que cette manière de faire contribue indirectement à caricaturer le contexte socio-économique du Kosovo.  Des combattants et  opposants moins caricaturés, et il en existe, ainsi que des images et musiques moins connotés font  cruellement défauts à ce reportage. Cela n’enlève en rien le fait que l’information sur le lien entre le ministre du Kosovo Hashim Thaqi et le Service secrets de la France  puisse exercer un  impact sur le jeu politique actuel du Kosovo, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.