Intégration

« Smirasit », une communauté solidaire avec le village d’origine

La diaspora de toute l’Europe issue de Smirë au Kosovo s’est réunie à Onex (GE) le weekend dernier. Une communauté issue de même village et qui au-delà de la fête nous inspire un système pérenne de contribution de la diaspora pour le développement de leur lieu d’origine.

La fête annuelle des « Smirasit » de la Diaspora a commencé il y a 5 ans, de façon informelle. Le président de l’association « Smira », Ilir Zuka, nous confie que « le but premier été de se rencontrer et que nos enfants se connaissent entre eux aussi. « Au début chacun restait dans son coin, aujourd’hui tout le monde se connaît ». Blerta, qui était présente chaque année, explique que lors des premières réunions, il n’y avait pas beaucoup de jeunes, mais avec le temps il y a eu plus d’affluence. « Ici nous nous sentons comme en famille, nous n’avons pas besoin de faire attention à nos faits et gestes ».

On remarque que la fête des « Smirasit » connait un véritable succès au sein de leur communauté. Il y a bien sûr ceux qui habitent la région qui sont venus, mais aussi de la Suisse Alémanique, de l’Allemagne, de la France et même d’Angleterre. Ils sont environ 350 invités à participer à l’évènement, qu’ils considèrent désormais comme une tradition ancrée dans leurs habitudes.

Mais les organisateurs de l’évènement ne veulent pas en rester là. Ce village situé au sud du Kosovo dans la commune de Vitijë, entre Ferizaj et Kaçanik, avec une population d’environ 4000 habitants, peut compter sur le soutien des membres de sa diaspora – qui est composé d’environ un quart de la population – pour son développement.

En fait, cette année, les organisateurs de l’évènement ont fondé l’association « Smira » en étroite collaboration avec les autorités afin de contribuer à améliorer la vie de leur village d’origine. La cohésion sociale du village, qui est maintenu notamment à travers le site internet dédié à Smira (www.fshatismire.com), est primordiale pour les autorités locales. En 2013, les Smirasit ont pu bénéficier du fond du Forum pour les Initiatives Civiles (FIQ) avec lequel ils ont construit 3 arrêts de bus, le chemin dans la cour de l’école et ont aussi pu installer les rideaux de cette école.

Le vice-Président de l’association, Ramadan Rrhamani, nous explique que ces exemples devraient encourager la population à proposer des initiatives et à participer à des projets, « Les gens sont d’accord de participer financièrement, mais très peu veulent s’engager activement ». Nous allons proposer aux smirasit de cotiser un jour de travail pour le village.

Les futurs projets sont la création d’une base de données avec tous les habitants de Smirë pour savoir qui est dans le besoin et qui peut contribuer dans quel domaine. Les membres de  l’association aimeraient aussi s’occuper de l’éclairage public et de l’entretien du cimetière. R. Rrhamani, qui est aussi entrepreneur, notamment à la tête de l’entreprise de transformation de produit carné, « Eco Produkt » à Gjilan, voudrait que les jeunes s’engagent au sein de l’association pour pérenniser leur travail.

En effet, la préoccupation de l’engagement de la deuxième génération issue de familles originaires de « Smira », concerne également toute la diaspora originaire du Kosovo et d’ailleurs. Alors que le pays demeure dépendant des rémittences versées par ses diasporas, celle-ci déclineront immanquablement avec la rupture des liens sociaux des « secondos » avec leur familles au pays si rien est fait pour maintenir ces liens. Le modèle du père qui consistait à s’exiler pour entretenir la famille large restée au pays ne convainc pas, et les vacances passées au pays diminuent pour laisser place aux destinations balnéaires d’ailleurs.

L’exemple de l’association « Smira » nous offre peut-être une piste de réflexion intéressante, car les liens familiaux se dissolvent à chaque génération. De tels points d’encrage géographique et identitaires seraient plus durables. La participation au développement du lieu d’origine via des projets permet de voir des résultats concrets. Elles sont aussi plus motivantes que les envois de fonds versées automatiquement et qui laissent les familles restées au pays stagner dans un confort vétuste.