Intégration

La diaspora en mutation

À Delémont s’est tenue une conférence à caractère scientifique et portant sur l’intégration. Le thème « Regards croisés sur les rôles de la diaspora. Entre intégration et contribution au développement du pays d’origine »

Par un beau jour ensoleillé du mois de septembre – le 27 – dans la salle principale St-Georges à Delémont, s’est tenue une conférence de presse portant sur le thème de l’intégration des migrants.

C’est sous la tutelle de l’office de l’intégration des étrangers et du combat contre le racisme que s’est déroulée la conférence. L’office était représenté par Mme Nicole Bart, sous la contribution intra jurassienne pour la collaboration et le développement (FICD), avec sa représentante, Isabelle Boegli, secrétaire.

L’évènement était dirigé par M. Christophoe Bugnon, publiciste reconnu, auteur de différentes chroniques et autrefois acteur comique. Mme Nicole Bart a fait savoir  que cette conférence se tenait dans le cadre du festival « Notes d’Equinoxe ».

D’importantes personnalités suisses ainsi que des représentants des institutions scientifiques ont participé à cette conférence, ce qui est un bon exemple des libertés démocratiques au sein de la  société suisse.

Monsieur Michel Probst, ministre de l’économie et du développement dans le canton du Jura, a débuté la conférence. Monsieur Probst, entre autres, a souligné que le terme « Diaspora » a aujourd’hui perdu son sens, du fait qu’on confond souvent la diaspora et la communauté étrangère. On remarque que les diasporas détiennent un rôle unique, dans le sens où elles doivent créer des choses positives afin que les individus du pays où ils vivent les comprennent mieux. Par exemple, dans le cas des Albanais, dû à l’attention qu’ils portent à leur pays d’origine, leur intégration n’a pas été facilitée, et ce, jusqu’à la fin de la guerre. L’autre tâche des Diasporas concerne le soutien et l’accompagnement de la nouvelle génération. Les racines ne doivent pas servir de barrières mais de base pour construire de nouvelles choses.

L’exposé principale de cette conférence a été  développé par le professeur Claudio Bolzman, pédagogue à la haute école d’assistance sociale, HES-SO, à Genève. Le professeur Bolzman a fait part de ses recherches donnant ainsi un aperçu sur la diaspora. Pour débuter, il a donné une explication sur le mot « Diaspora », qui vient du grec, et qui a une connotation biblique. Aujourd’hui, ce mot désigne la répartition d’une population dans différents pays. Les origines de la diaspora sont différentes de part  la forme que prend « le devoir » de quitter le pays d’origine. Aujourd’hui encore cette dispersion se fait pour des raisons économiques, mais aussi à cause de la violence dans certains pays. Les diasporas se distinguent sous différentes formes. En effet, certaines sont encore en train de se construire, alors que d’autres sont totalement consolidées. Chez les Kosovars, l’intégration s’est faite tranquillement, et ce, une fois que la démocratie est arrivée dans leur pays d’origine.

« 700.000 Suisses vivent à l’étranger, ce qui signifie que la Suisse aussi a une diaspora. Les Suisses considère leur diaspora  comme « la 5ème Suisse », comme la partie complémentaire des quatre régions linguistiques de la Suisse » explique Bolzman.

Les diasporas se caractérisent par différents aspects : elles sont dispersées  dans plusieurs pays et cultivent leurs liens entre elles. Les gens ont l’espoir de retourner un jour dans leur pays d’origine, même si ce retour constitue plus un mythe qu’autre chose. La diaspora possède une identité collective et des origines particulières. Les diasporas entreprennent des actions et ont des attentes envers leur pays d’origine, mais également envers leur pays d’accueil (tel que l’apprentissage de la langue et leur droit de vote). Elles ont un rôle identitaire (symbolique), social (relations entre les personnes), culturel et scientifique, politique (un rôle de représentant dans le pays où ils vivent). Mais aussi un rôle économique dans les domaines tels que le transfert privé d’argent, l’investissement traditionnel, les constructions, les terrains, les magasins, les différentes entreprises, les projets collectifs de développement, la santé, le domaine social et éducatif… etc.

Le professeur Bozman, l’un des premiers à avoir prêter attention à la question de la diaspora, met en évidence le rôle de celle-ci:

– dans les relations entre les pays, ce qui constitue une “bonne pub” pour le pays d’origine,

– dans le pays où réside la diaspora,

– dans la création d’entreprises à caractères ethniques (pizzeria, kebab, etc.),

– dans la création d’entreprises et travaux que les autres ne sont pas en mesure de réaliser,

– dans le savoir et la profession des employés.

L’intégration signifie accepter que les choses changent et atteindre une certain équilibre entre la continuité et le changement. L’intégration permet à la société de ne pas stagner tout en favorisant une vie plus dynamique. L’intégration doit se faire en harmonie avec la dynamique des changements.

Les diasporas ont besoin d’être aidée de différentes façons afin de pouvoir réaliser leurs projets. Les diasporas ne sont pas égales entre elles, certaines sont acceptées plus facilement que d’autres. Mais l’exclusion au début fait partie du processus de l’acceptation, ainsi que du  dialogue nécessaire, car personne n’a les mêmes idées, et cela fait partie intégrante du développement démocratique. Peut-être que les conditions légales des visas doivent également changer et s’adapter de façon à ce que l’intégration puisse immédiatement commencer, et non seulement après que le droit de résidence soit assuré.

C’est avec grand intérêt que s’est déroulé la dernière partie des discussions de la table ronde entre Monsieur Pietro Mona, vice-directeur du programme général du développement des émigrations,  Madame Cristiane Lins Kury, de l’association de la Solidarité Amazon (FUSAM), Monsieur Michel Probst et Mme Albana Krasniqi, coordinatrice à l’Université Populaire Albanaise de Genève, également membre du comité de la commission fédéral sur les questions des migrations.

Albana Krasniqi a ouvert la discussion, en rappelant les différentes vagues migratoires albanaises d’il y a 40 ans. Elle a raconté plusieurs histoires importantes dans la liste des contributions des migrants du début jusqu’à présent. Elle estime que la diaspora est consolidée dans tous les domaines : éducation, emploi, culture, sport et avec une participation prononcée dans la vie publique de la Suisse. La diaspora change dans son rôle en matière de contribution au développement du pays d’origine. Elle ne se contente plus de seulement envoyer d’argent, mais elle transporte avec elles des connaissances et des compétences dans des domaines différents qu’elle a acquises en Suisse. Cet apport est encore plus important que l’apport financier. 

Nexhmije Mehmetaj, enseignante dans le canton du Jura, Suisse.