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Kosovo : Augmentation du sentiment d’identité religieuse

Au Kosovo, les personnes s’identifiant avant tout par leur appartenance religieuse est en augmentation. Par conséquent, celles ressentant une forte identité nationale est en baisse. Cette constatation est le résultat des recherches de l’Institut kosovar pour le développement des politiques (KIPRED). Lulzim Peci, directeur exécutif du KIPRED, a déclaré à Radio Evropa que sur la base des résultats de leur enquête, une partie de la société kosovare se dirige vers la création d’une société ethnique basée sur la religion.

Les recherches ont porté sur un échantillon de mille personnes, composé de 720 musulmans et de 280 chrétiens de toutes les régions du Kosovo.

Les résultats du sondage montrent que 57 % des Albanais musulmans se considèrent Albanais avant d’être musulmans ; 32 % se sentent musulmans puis albanais ; 8 % se sentent seulement albanais et excluent la religion ; et 3 % se sentent uniquement musulmans et excluent l’identité ethnique. En parallèle, 70 % des membres de la communauté chrétienne se sentent albanais avant d’être chrétiens.

Lulzim Peci, directeur exécutif du KIPRED, fait remarquer que le fort pourcentage de personnes qui se sentent d’abord musulmans et ensuite albanais.

« L’identité albanaise devient linguistique et notre société devient “sociale-ethnique-religieuse”, plutôt que d’être ethnique » a déclaré M. Peci.

En se basant sur les recherches du KIPRED, la séparation entre les groupes religieux est en train d’augmenter. 5.8 % des personnes interrogées répondent qu’ils n’acceptent pas de parler à des Albanais d’autres confessions, 4,8 % d’entre eux préfèrent ne pas les avoir comme voisins et 1.4 % d’entre eux préféreraient que les personnes d’autres confessions ne vivent pas au Kosovo.

Agon Demjaha, chercheur au KIPRED, dit que l’un des éléments qui ont contribué au rapport de l’identité religieuse albanaise est le début du processus de création d’une identité kosovare. Après la déclaration d’indépendance, en 2008, les Albanais du Kosovo ont été confrontés à une situation confuse et ambiguë.

« Les symboles principaux de l’Etat tels que le drapeau et l’hymne national n’avaient pas de point commun avec les symboles nationaux albanais du passé. Cette reconfiguration du Kosovo a nécessairement eu un effet de dénationalisation chez les Albanais du Kosovo », a déclaré Demjaha.

Le professeur Ismail Hasani, sociologue des religions, s’exprimant à Radio Evropa e Lirë, a souligné que la une recherche sur la conscience religieuse et ethnique, basée sur un échantillon de population de 1 000 individus, n’est pas représentatif.

« Je ne crois pas que les Albanais aient changé à ce point. Certains, au nom de l’analyse scientifique, essayent d’attirer l’attention pour se retrouver au centre de l’actualité », a déclaré le professeur Hasan.

Le Professeur Hasan a ajouté que si les résultats des recherches du KIPRED étaient corrects, cela représenterait une inversion partielle de la civilisation albanaise.

« Hypothétiquement, si les résultats sont corrects, alors il y a risque de changement d’une part importante de la civilisation européenne au Kosovo. C’est-à-dire la délocalisation de la prédication de l’Islam traditionnel de nos terres, et l’inauguration d’un Islam extrémiste », a-t-il dit.

Cependant, les chercheurs du KIPRED ont souligné que la propagation des idéologies extrêmes a été influencée par diverses organisations internationales aux motifs religieux, lesquelles immédiatement après la guerre, « sous le prétexte de l’aide humanitaire, ont utilisé la pauvreté et les conditions sociales pour parvenir à leurs fins ».

Selon eux, cela a eu lieu en particulier dans les zones rurales, « en modifiant les traditions culturelles de ces communautés ». Les représentants du KIPRED ont fourni une liste de recommandations sur la façon d’aborder le problème, adressée aux dirigeants politiques et aux institutions gouvernementales, aux institutions judiciaires, à la Faculté des sciences islamiques, ainsi qu’aux institutions gouvernementales responsables de l’éducation.